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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 16:25
8 octobre 2008: Adolf Hitler est recalé à l'école des beaux-arts de Vienne.

Que se serait-il passé s'il en avait été autrement?

En parallèle, Eric-Emmanuel schmitt nous raconte deux vies...celle du vrai Hitler et celle d'un double fantasmé,  forcément meilleur.

L'intérêt, pour le lecteur, est double: retracer le destin d'un terrible personnage historique et envisager une alternative à toute cette horreur.

Partir d'une idée simple, celle qu'un tout petit évènement, comme le battement d'ailes d'un papillon, peut changer la face du monde. La développer sans fioriture, essayer , sans tomber dans la psychologie de supermarché facile, d'analyser les agissements d'un être mal dans sa peau et supposer quels travers ont fait de lui le responsable d'un génocide.

A la fin de l'édition de poche, on trouve le journal de l'auteur durant la composition de l'oeuvre et c'est à la fois intéressant et émouvant. S'y égrènent des phrases de colère ou d'attendrissement selon ce que ce monstre de personnage provoque chez son créateur démiurge.

J'ai hâte de le faire mourir.

Quand je l'aurai tué, je récupérerai mon corps.

Mon éditeur soumet le texte à des lecteurs historiens. Cela me vexe pendant une bonne semaine. Mais, comme ils ne trouvent aucune erreur, ma vexation disparaît aussi vite qu'elle est venue".

Quelqu'un me dit, apprenant le sujet de mon livre:
- Décidément, vous êtes le roi du sujet casse-gueule. Freud et Dieu dans le Visiteur, le solipsisme dans la Secte des Egoïstes, Pilate, La Morale dans Le Libertin, le coma dans Hôtel des deux mondes, l'Islam dans Monsieur Ibrahim.
Je tremble. Il ajoute:
- Et cependant, vous ne vous cassez jamais la gueule!

Juste un conseil...lisez-le...
Voilà un bouquin qui , contrairement à ce que peuvent en dire des éditeurs lors d'un strip-tease verbal, n'a rien d'un bonbon à offrir à Noël....

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4 septembre 2009 5 04 /09 /septembre /2009 14:10

La conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole


« […] l’ultime perversion : ALLER AU TRAVAIL. »

 

  Figurez-vous le plus grossier personnage que vous puissiez imaginer, un horrible enfant gâté qui se définit , parce que ça l'arrange et que ça lui évite de se remettre en question, comme étant "un anachronisme"…vieux garçon flasque et paresseux qui monopolise ses heures à éructer sa colère sur le monde. Ajoutez-y une pauvre femme vieillie et désespérée de la fainéantise de son fils et qui n’a pour seule chance que celle d’être un peu idiote et de ne pas réaliser combien son rejeton est une plaie. 

 

" (...) décidé à ne fréquenter que mes égaux je ne fréquente bien évidemment  personne puisque je suis sans égal"

 

"L'optimisme me donne des hauts le coeur"

 

Ignatus Reilly est un ogre dégoûtant, une tête à claques insupportable. Un anti-héros d’un égoisme disproportionné. C’est un personnage à rencontrer d’urgence pour nuancer ensuite son opinion à propos de tous les sales types que le hasard vous met sous le nez.


Oui, John Kennedy Toole, infortuné auteur ,suicidé parce qu’il se croyait médiocre, a inventé une myriade de détails et de situations impayables.

Cette odyssée américaine à la zone géographique réduite ( Ignatus souffrant de phobies dès qu’il voyage, on gravite entre un centre commercial et le quartier français) est parsemée de scènes drolatiques colorées de dialogues absurdes, de personnages atypiques et d’un peps digne de la Commedia Dell’Arte. Mélangez-y le ton de la farce et des situations improbables …et vous vous approcherez de l’idée de ce que peut être «  la conjuration des imbéciles » de John  Kennedy Toole.

Ce roman est incomparable. Il y traite de nombreux sujets  controversés avec un humour grinçant. La folie règne dans un univers totalement absurde et c’est tordant !

Oui, CERTES, il faut s’armer de courage ( parce qu’il fait 500 pages ce foutu bouquin quand même !) et mais il est conseillé de le lire histoire de ne pas passer à côté de…

-Mme Lévy ,sa planche et son atroce façon de torturer son mari, une cinglée teinte en blonde  et qui veut s’acheter une perruque de brune.

- M. Lévy , Monsieur «  fous –moi la paix ».

- Miss Trixie, secrétaire sénile d’une usine de pantalons en faillite, qui forme avec le sol un angle inférieur à 90 degrés.

- Jones, Miss Lee, Darlene et sa volaille.

- Le pauvre inspecteur Mancuso, le bouligne et sa tante olé olé.

- M. robichaux, soupirant grabataire de Mme Reilly.

 

- Regardez, il en reste quelques uns.

Elle tendait à l'agent de police Mancuso une boîte à gâteaux déchirée et huileuse qui semblait avoir souffert des tentatives de quelque hideux glouton pour avaler tout son contenu d'un seul coup. Au fond de la boîte,  l'agent de police Mancuso trouva deux morceaux de beignet en piètre état et qui, à en juger par leur rebord trempé,  avaient été sucés et vidés de leur confiture.

- Non, merci bien, vraiment, Madame Reilly, j'ai fait un gros repas au déjeuner.


  J'ai pensé à Céline en lisant ce bouquin, à cette façon crue d'aborder des sujets délicats comme l'étranger et son intégration, l'homosexualité, la politique, l'éducation, le travail. L'HOMME. Ce roman soulève des questions de taille.

  Au fait....n’oubliez pas de lire la préface, surtout ! Pour une fois qu’elle est indispensable et drôle !

 

L'écrivain n'a pas placé par hasard cette citation de Swift  sur son livre:

"Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui".

Auteur non reconnu de son vivant, son succès posthume l'a couronné du prix Pulitzer. Comme quoi, les imbéciles peuvent changer d'avis...

 

Pour vous donner une idée du ton, voici quelques extraits décrivant les rapports ( amoureux?) entre Ignatus et Myrna....

 

"Le traumatisme de cette rencontre nourrit nos masochismes respectifs et aboutit à une liaison ( platonique)".

 

 

" Les manières grossières et brutales de Myrna eurent bientôt chassé mes courtisans de ma table et nous nous retrouvâmes en tête à tête devant des cafés froids et des problèmes brûlants. Constatant que je refisais de tomber d'accord avec ses braiements elle me dit que j'étais manifestement antisémite. Sa logique était une combinaison de demi-vérités et de clichés, sa vision du monde un pot pourri d'idées fausses tirées d'une histoire de notre pays écrite du point de vue d'un tunnel de métro."

 

"La panacée de Myrna, son vulnéraire universel, remède contre l'affaissement de la voûte plantaire et la dépression nerveuse, était la sexualité."

 

 

 

Et gare à votre anneau pylorique!

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