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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 16:34

Page-18.jpgPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr / Illustrations dans l’ordre d’apparition ( Et en cliquant sur les liens, on accède à leur page!)  Charlotte Gastaut/ Arnoo/ Rebecca Dautremer/ Fred le chevalier/ Charles Champeau/ Mary-Loup/ Margaud Motin / Alyz Tale/ Fabrice Backes/ David Sala/ Bobi+ Bobi/ Seb Cazes/ Yves Budin



Un héros, d'abord, on l'imagine sur un piédestal, figure noble et imposante au sommet de sa gloire...ou bien fendant l'air d'un bras conquérant, dans les cieux ou à cheval, prêt à pourfendre l'ennemi de la pointe de son épée.
Les nostalgiques de l'époque antique encenseront la force physique du héros, vous rediront des choses dures et violentes... «Rappelez-vous d'un temps que les moins de deux mille ans ne peuvent pas connaître où Achille et Hector brandissaient leur glaive sur la plaine troyenne et leurs muscles bandés ne redoutaient que la fureur des dieux! L'âge d'or où des êtres aux pieds légers, aux mille tours, aux douze travaux titanesques, invulnérables, braves et tenaces participaient à des guerres légendaires et étaient prêts à tous les sacrifices pour la gloire!»
D'autres loueront la piété des croisés, les combats loyaux où les damoiselles se pâmaient devant des cavaliers empanachés.Ils nommeront héros ceux qui, autour des tables rondes, juraient fidélité jusqu'à la mort à un bon roi ou au contraire chapardaient chez les seigneurs l'argent qu'ils avaient ravi aux pauvres et le leur rendaient avec la malignité des renards.
Vous pourrez entendre sur les bancs des villages ceux qui prient pour les héros patriotes qui ont résisté malgré les horreurs promises de la torture, ont Arnaud taeronavancé sous les huées étourdissantes des bombes, ont supporté les pluies de feu, d'acier et de fer, encore et encore, avant même d'être des hommes souvent...
Et puis d'autres citeront simplement des noms: Gavroche, Zorro, Jeanne d'Arc, Roland, Le Cid, Don Quichotte, Lucky Luke, Jean Moulin ou Sophie Scholl, l'israélien David mais aussi Nelson Mandela, l'Abbé Pierre, Gandhi,  Mère Térésa...
Les derniers vous chuchoteront les exploits de leurs voisins durant les inondations ou les tempêtes, évoqueront les sirènes rassurantes des pompiers ou de la police et ne plaisanteront qu'à moitié en évoquant "Papa" ou "Maman"...ou leur petite soeur.
arnoo - davidLe héros, c'est aussi celui dont on se souvient. Celui qui a vaincu l'ennemi terrible qu'est le temps et sa compagne défaillante, la mémoire.
Si avoir besoin de héros à l'échelle collective me semble dangereux car synonyme de période de guerre et de crise -  où l'on espère être sauvé par un ( ou des..)  SuperX ( N’oublions pas que les kamikazes sont perçus comme des héros),à l'échelle personnelle et pour la sauvegarde de l'imaginaire, l'héroïsme ne doit pas être une valeur dépassée. Si la désillusion et la lassitude peuvent gagner les foules, si aujourd'hui le héros publiquement adulé est éphémère et n'a que peu de chances de se voir  immortalisé en statue, si les deux guerres ont peut-être érigé les derniers monuments de courage, au fond de son petit crâne, pour chacun d'entre nous, Ne pas avoir de héros nuit gravement à la santé.

Alors, en quelques mots, avant de vous laisser en compagnie des délicieuses figures de héros que nous ont offert Arnoo, Mary-Loup, Charlotte Gastaut, Rebecca Dautremer, David Sala, Margaux Motin, Charlotte Gastaut, Seb Cazes, Fred le Chevalier, Bobi+Bobi, Charles Champeau, Alyz Tale,Fabrice Backes et Yves Arnooo.jpgBudin, je ne vous parlerai pas d'un héros doté d’un  pouvoir d'ubiquité, d'invisibilité, de téléportation ( quoique..),  de régénération, d'invisibilité, de métamorphie, de télépathie...non! ce genre de super-héros qui assure manque à mon goût de ces failles sensibles qui rendent un être fabuleux ( et que personne ne m’oppose l’existence de la kryptonite!) . Mon héros a pourtant des accointances avec eux: mais s'il est téméraire au combat et fait voeu de célibat forcé, c'est avant-tout par abnégation et par amour immodéré pour une jeune femme cultivée. 
Mon héros, c'est une cape qui passe, se drape de patience dans la nuit qui le voile et    s’éteint en emportant son panache. 

cyranoOui, mon héros à moi, c'est Cyrano de Bergerac. L'être de vers et de vaillance qu'Edmond Rostand a sublimé dans une pièce que je connais presque par coeur. Spirituel et engagé, délicat et attentionné, cet être de papier incarne des valeurs qui m'ont toujours précédées. Une en particulier me séduit et me touche car elle me semble en terrible voie d'extinction... Vous souvenez-vous  de cette scène provocatrice des Non Merci ou Cyrano hurle en même temps que son indépendance  sa douleur de ne pas être aimé de Roxane? Il tempête :"Ne pas monter bien haut peut-être mais tout seul"....ne jamais imiter le lierre parasite, ne pas se compromettre, cultiver son jardin et fred le chevalieren cueillir
les roses, qui, si rachitiques et faiblardes qu'elles soient, n'ont pas de prix parce qu'elles sont fruits de nos efforts et de notre persévérance. Voilà mon héros que Rebecca Dautremer a formidablement représenté dans un album aux illustrations époustouflantes de beauté.

Cyrano est un héros salvateur. Je m'y suis accrochée bien des fois où je glissais dans le doute et dans l'envie de succomber à l'arrivisme et  la tentation des gloires faciles. Cyrano est un héros salvateur car il donne au sacrifice et à la bonté un caractère héroïque. Dans ce monde qui écrase et vante ceux qui ironisent et méprisent sans vergogne, il est bon de venir se blottir dans les pages de ce texte sensible où authenticité et intégrité riment avec honneur...Et vous, qui est vAlyz Taleotre héros?

 Fabrice BackesSeb CazesCharlotte gastaut
Mary-Loup
Bobi bobi
Margaux Motin
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6 août 2010 5 06 /08 /août /2010 15:28

8.jpgridulesPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr / Contributions d'Arnaud Taeron - Pierre Gable - Fred le chevalier - Mary-Loup - Bobi+Bobi - Benjamin Lacombe.


Un matin, il est trop tard...
Elle le sait mais comment faire?
Elle regarde son miroir...
Ferme les yeux....un goût amer.

Vieillir, verbe douloureusement passif à mi-chemin entre naître et mourir. Course du temps vers la perte des facultés, la maladie, la laideur, la mort. Epée de Damoclès du vivre qui confine l'être humain dans l'impuissance fataliste. Comment ne pas être désemparé et éviter une survie dépressive plutôt qu'une vie assumée? Face à une société qui favorise à l'extrême la jeunesse, la performance et la beauté et une espérance de vie qui croît sans cesse, la peur de vieillir est une angoisse de plus en plus partagée.
Vieillir, c'est accepter d'être remplacé, regarder en face le miroir qui explique que l'on est détrôné et s'assagir... dans l'idée oui, mais qui saurait renoncer sans larme à sa fraîcheur d'antan? Depuis longtemps , la poésie amoureuse surexploite le thème du temps qui passe où pleuvent regrets et remords. Mais soyons lucides -  lorsque  les  poètes  ne cessent de louer la beauté de leurs  belles  en insistant sur l'aspect éphémère des roses humaines, c'est AUSSI  ( et surtout?) à des fins de câlins crapuleux et d'incitation au plaisir épicurien.
Certes, Baudelaire, lorsqu'il compare son interlocutrice aimée à une charogne, fait frisonner le lecteur de ses métaphores macabres, et ce poème à la beauté morbide refroidit nos ardeurs amoureuses aspirant à l'éternité.

"[...]Et pourtant vous serez  semblable à cette ordure,Arnaud Taeron - Peur de vieillirA cette horrible infection,
Étoile de mes yeux, soleil de la nature,
Vous, mon ange et ma passion !
Oui ! telle vous serez, ô reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses.
Moisir parmi les ossements.
A l o r s , ô  ma beauté ! dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !"

Mais la fuite du temps, dans ce poème, répond à un enjeu esthétique mais aussi, devenant un ennemi pour la femme aimée, se transforme en alliée pour la satisfaction de l'amant qui entend cueillir -rapidement- les roses de la vie au creux de draps blancs.

Les contes de fée s'intéressent aussi à la symbolique du temps qui s'écoule. Ils confrontent un monde enfantin de douceur avec Bobi + Bobi - peur de vieillirun monde d'adultes, souvent sévère et cruel et la peur de vieillir se mêle à la peur de grandir. Que symbolisent les vilaines
marâtres sinon cette perte aigrie de la jeunesse, pourquoi tous ces lutins, nains et autres adjuvants minuscules sinon pour symboliser ce refus de grandir? Impitoyablement, la fin du récit montre les anciens péricliter pour laisser la place au sang neuf.

Elle pense, l'air absent
Aux couleurs de sa jeunesse
Elle voit s'enfuir le temps
A dos de landau, à toute vitesse...

Grandir, c'est perdre l'innocence et l'insouciance ; grandir, c'est réaliser la médiocrité , l'hypocrisie et le carriérisme du monde. Grandir, c'est vieillir d'un coup. Pour accepter de vieillir, il faut ressentir un sentiment de complétude, être serein vis à vis de
son parcours et ne pas regarder sa jeunesse comme l'incarnation de l'idéal.

Benjamin Lacombe - Peur de vieillirDans son ventre, un oiseau
Dévore à petit feu son être.
Serait-ce Morta,dans son dos
Qui tisserait peut-être!?

Il faut se méfier de ceux qui jouent de cet épouvantail qu'est le temps...ceux qui en font un commerce lucratif de crèmes, de botox et de lotions capillaires... ceux qui médiatisent le mythe de l'éternelle jeunesse. Les victimes, en effet, ne manquent pas et au premier rang, ces cougars en vogue qui pavanent des Adonis bien sapés en trophées de chasse. Il n'y a bien que Faust qui ait trouvé la potion de l'éternelle jeunesse et... c'est le Diable en personne qui lui avait concocté en échange de son âme. Pas de pur lait d'ânesse dans nos supermarchés...ou à quel prix?!!

Dans son chignon, sans détour,
Des dizaines de barrettes
y décompte les jours
Avant la grande grimpette
Arnaud Taeron - le chignon

Non, l'ennemi n'est pas le temps à la rigueur de métronome, l'ennemi est notre volonté et notre incapacité à rebondir. L'ennemi est cette aptitude à n'imaginer le bonheur que derrière soi, boniment sous lequel notre optimisme ploie.

Maintenant qu'il est là-haut
A quoi bon regarder derrière?
S'entrelacent sur sa peau
Des monstres, remords de naguère

Pleure ma pomme et entends-tu
Ses mots encore à la chandelle?
Marie, ma mie, le temps nous tue
Un jour, vous ne serez plus si belle...

Le bonheur n'a pas d'âge. Dans la pièce de théâtre de Jean Anouilh, Antigone, l'héroïne éponyme, ne conçoit qu'un bonheur entier, jeune et fougueux; Créon et son expérience de vieux roi rompu lui réplique que le bonheur n'est constitué que de petits moments précieux à additionner, qu'il est " une petite chose que l'on grignote, assis par terre, au soleil" . Les plus cyniques nuanceront qu'il est avant tout le "silence du malheur" ( Jules Renard). Candide pourrait conclure après avoir baroudé quelques mois dans le vacarme du monde que Pierre Gable - Peur de vieillirmême si les barrettes du temps s'accumulent dans les chignons des vieilles dames, même si nous serions tentés d'empoisonner tous ceux qui font pâlir d'admiration le miroir qui nous boude,même si chaque jour davantage on sent le serpent de la vieillesse nous essouffler le corps et l'esprit, on sait juste qu'on n'oublie pas les mains de sa grand-mère, ces mains un rien tremblantes qui se tendaient vers les joues en quête d'un baiser bruyant, on n'oublie pas les dimanches en expédition chez ses grands-parents où le temps s'arrêtait, où tout avait la simplicité d'un panier
d'osier, de quelques oeufs de poule rousses et d'un piroulis dégusté avec les cousins germains, on n'oublie pas que vieillir, c'est aussi rencontrer une nouvelle génération, l'aimer et lui apprendre à construire à son tour.

Vieillir, c'est aussi ressentir l'envie et la nécessité de transmettre. Nier ce vieillissement, c'est broyer cette chaîne , ouvrir un gouffre d'incompréhension et menacer les générations futures d'être des animaux sans histoire.... Histoire?
La peur de vieillir n'existe qu'en réponse à d'autres détresses personnelles. Vieillir sereinement, c'est savoir s'aimer et avoir confiance en les autres aussi, en leur fidélité pour vos vieux jours grabataires. Mamie et ses bigoudis, Mamie et sa crème anglaise, Mamie et ses cantiques, Mamie et ses dinettes avec sa petite fille espiègle se moque bien de vieillir. . . pourvu qu'on l'aime longtemps....les-branches.jpg
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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 18:15

 

Mec à la cartePar Julie Cadilhac - bscnews.fr / Après AdopteUnMec.com - hommes-objets à câliner, fin juillet va naître  Mec à la carte l'agence PRformance. Un tout nouveau site de rencontre qui se définit  de  singulier car il "combine l'originalité du contenu ( champ lexical de la cuisine) et de l'approche ( les femmes choisissent leur partenaire comme au restaurant, en parcourant le menu)". La révolution du concept repose a priori sur l'humour et la chaleur que son créateur, Jean Baudoux, souhaite y faire fleurir. Plonger les adhérents dans une atmosphère culinaire devrait mettre la séduction sous le signe de la décontraction et du respect mutuel....soit....d'abord déplorons l'utilisation du si vulgaire substantif " mec" : un "Julot à la carte" (mignon) ou "gentleman à la carte" ( idéal),   " lascar à la carte" ( réaliste),  "petit ami à la carte" ( improbable), "zoulou à la carte" ( exotique), "coco à la carte" ( inspiré)...aurait déjà éveillé davantage de sympathie dans l'effort entrepris pour éradiquer ce mot si laid de "mec" qui pullule sur les lèvres de beaucoup trop de femmes. lancé par

Puis on s'interroge sur la naissance du concept :est-ce une contagion du succès de Cyril Lignac qui est partout, se mêle de tout et surtout de ne nous apprendre à monter une entreprise florissante? est-ce un nouvel effet de mode parisien où il devient chic d'être un homme - ou une femme - qui sache cuisiner? Mec à la carte est-il un retour au tablier sexy , au cliché de la ménagère existante devant ses fourneaux ? Veut-on attirer les toqués de la toque?
Mec à la carte prétend être innovant car il chouchoute les femmes: pourtant tous ceux qui ont parcouru en touriste  - nous ne doutons pas  qu'aucun de nos lecteurs n'ait  été consommateur sérieux de ce genre de service... ( sourire)- savent que ce mode de fonctionnement est inhérent à la plupart des sites de rencontres  - qui ont compris depuis longtemps qu'il faut en premier lieu appâter le genre féminin....la caste masculine se greffant immédiatement sur les "lieux" infestés de jeunes femmes en ébullition sentimentale.
De plus, le principe du "menu" existe aussi sur d'autres sites de rencontre comme Meetic, Miss34 etc...on choisit son partenaire selon ses goûts et ses besoins du moment. On répliquera même que, hors rencontres virtuelles, des sélections  naturelles s'opérent et  que personne n'aurait idée de s'approcher d'un plat qu'il jugerait sans saveur.

Ce qui est innovateur donc? La forme? Les mots? Du blabla quoi....MAIS le succès sera là quand même puisqu'on exploite à toute fin lucrative le coeur et les hormones d'individus désespérés qui se ruent sur l'espoir de la dernière chance. Rien de romantique, semble-t-il donc ,  dans ce site se gaussant de "gastro-sexuel" qui fonctionne - rassurez-vous - sur les mêmes principes que ses prédécesseurs :" Le fonctionnement du site est simple : les femmes choisissent l’homme qui leur convient, leur homme « à la carte », comme elles choisiraient une entrée, un plat ou un dessert dans un restaurant. Elles ont le pouvoir d’évaluer les hommes, de définir leur coefficient de séduction. Par ailleurs, elles bénéficieront également d’un accès entièrement gratuit au site. Quant aux hommes, outre les abonnements standards de un, trois ou six mois, un système de « crédits » sera mis en place. Un crédit représentera une connexion, et leur durée de validité sera plus longue que celle des abonnements. L’objectif du site est clairement annoncé Mec A La Carte© désire révolutionner l’univers des sites de rencontres en y apportant plus de légèreté et en inversant le schéma de séduction classique."
Pourtant si Jean Baudoux a un mérite, c'est  d'être dans l'air du temps! Aujourd'hui tout se fait "à la carte" : le contemporain ne s'impose rien. Tout doit être ludique, la pénibilité et l'ennui doivent être gommés pour ne faire briller que la jolie facette des choses.  Mais attention notre nouvelle génération à la carte est loin d'être heureuse car la vie  trop souvent est là pour lui rappeler  que le mode ludique a ses limites et ses failles. L'amour à la carte a de fortes chances de conduire au désastre au dessert.

Quelques exemples d'actualité d'échecs des menus à la carte - fort difficiles à digérer ? Après le menu  "  tous ensemble ou pas " vous pouvez chanter la marseillaise ou pas ", " vous pouvez enlever vos écouteurs quand le coach parle ou pas", " vous pouvez saluer vos supporters ou pas"," vous pouvez me manquer de respect ou pas", " vous misez tout sur la pub ou  bien sur le terrain "  la fin de la coupe d'Afrique du sud  pour les bleus a été déconfite. Même problème dans l'éducation, après le pique-nique ( restons dans le culinaire) de fin d'année d'une école de primaire qui a tourné à la sauce aigre en Vendée et sans justifier la punition puérile imposée aux enfants (  venir à quatre pattes - comme des chiens - chercher leur déjeuner parce qu'ils avaient été turbulents toute l'année à la cantine), on se dit que peut-être si les parents ne faisaient pas un repas à la carte à leurs gosses pour éviter les pleurnicheries, si l'on ne donnait pas systématiquement des alternatives à la nouvelle génération qui en font des consommateurs insatiables et insatisfaits, si enfin on arrêterait de casser les pieds du citoyen lambda avec des chiens écrasés et qu'on lâche un peu Dolto et ses enfants rois,  on éviterait des desserts douloureux issus de comportements intolérables. Nous nous abstiendrons d'évoquer les ravages  d'une culture à la carte : cela nous amènerait à hurler sur ceux qui, plus haut, osent éditer à la télé et sur certaines grandes scènes françaises, les menus quotidiens que l'on nous sert...

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25 mai 2010 2 25 /05 /mai /2010 19:47
Image-8.pngSavez-vous pardonner ?
Quel option choisissez-vous lorsqu'un tiers ose incommoder le courant de l'existence de votre petite personne? La vendetta cruelle, la loi du Talion impitoyable ou bien la politique de l'autre joue tendue, la culture des bonzais zens, les pâtisseries qui ragaillardissent, le sourire de l'autruche clémente? On a souvent l'idée - héritage biblique - que le pardon est l'apanage du Bon -"héros" que l'on flétrit d'une nuance un peu nouille mais respectable quand même- tandis que la rancune et sa cousine la vengeance, elles, concernent les Méchants - que l'on montre du doigt "bouh bouh" tout en frissonnant d'admiration contrite.  Ce sont des clichés réducteurs insupportables et qui reflètent bien l'ascension dangereuse du paraître sur l'être.

Entrée des Enfers.
Perséphone et son mari Hadès accompagnés de leur toutou impitoyable, l'effrayant Cerbère à trois têtes, accueillent les GM fraîchement vermoulus. Refroidis par l'impassibilité revêche du nocher Charon, sitôt quittés le Styx sinistre, voilà pourtant qu'ils se métamorphosent en bouillonnants plaideurs du forum: chacun essaie de s'accaparer les funestes grâces d'Hadès Le Riche et de gommer ses crimes en amphores de vin. C'est que l'enjeu est de taille éternelle et d'ailleurs, au dessus des deux têtes impériales se sont mis à clignoter des panneaux d'affichage mortellement explicites et indiquant les pardon-et-redemption.jpgalternatives de leur avenir post-mortem. 
Un tribunal s'installe sur une planche de bois soutenue par des colonnes. Minos, Eaque et Rhadamanthe, juges attitrés ad mortem eternam, feignent de se sentir concernés par le sort des âmes qui leur font face. Tous espèrent les Champs Elysées, le printemps éternel à l'ombre d'une verdure luxuriante à trinquer avec les héros. Mais les vols à destination du Paradis sont de plus en plus rarement distribués. Le Tartare fait le dos rond et engloutit chaque nuit de nouveaux prisonniers. Mais on murmure dans les couloirs du Pro-Léthé-re que des plaintes récurrentes se font entendre auprès du syndicat des gardiens: les conditions de travail deviennent épouvantables et le patron s'enrichit à leurs dépens.
 Le sort en est jeté pour le premier appelé à la barre et des frissons parcourent l'assemblée gémissante: Le pré de l'Asphodèle lugubre s'apparente pourtant à la punition la moins douloureuse. Le fantôme s'apprête simplement à vivre éternellement une existence morne et insubstantielle ! Le suivant est condamné à bien pire! Le Tartare promis fait pousser un cri d'horreur à l'inculpé. Il imagine déjà ses premiers pas souffreteux dans cette région aride et sans vie, jonchés d' étangs glacés, de lacs de soufre ou de poix bouillante, où il côtoiera les âmes malhonnêtes, les voyoux d'ici-bas. Les autres répriment l'effroi qui les domine à le suivre dans cet endroit entouré par des fleuves aux eaux boueuses, par des marécages à l’odeur nauséabonde, remparts qui empêchent toute âme d'échapper à sa peine.
trahison.jpgSoudain intermède macabre: les Parques s'invitent précédées des Furies.
 Rassurez-vous! Les vieilles fileuses ne sont là qu'à titre décoratif dans le récit, leur rôle en ce lieu est achevé. On sait bien que le troisième âge raffole de la rubrique nécrologique aussi les Parques ne se lassent pas de compter les têtes qu'elles ont abattues d'un coup de ciseau. D'un rire protéiforme et terrifiant, les Furies haranguent la foule des pénitents - pour lesquels le tribunal a été sans appel - avec des slogans provocateurs: Grande braderie des supplices! Tartare en folie: venez découvrir nos dernières attractions! Galère au rocher avec Sisyphe! Délice de Tantale! La roue enflammée d'Ixion! Le tonneau joueur des Danaïdes!
Accréditation presse: consulter Mégère, bureau de droite. Toutes nos promotions sur www.vengeance.com! Et pour nos grands gagnants de la semaine, adhésion immédiate et gratuite! Forfait illimité!
Sanglots dans les rangs: c'est que les Bienveillantes exécutent leur rôle avec beaucoup de rigueur et leurs grandes ailes,leurs serpents pour cheveux et le sang qui coule de leurs yeux achèvent de les rendre antipathiques.
C'est alors qu'un silence de mort fait résonner l'immensité noire: une femme chétive s'est approchée du tribunal aux bras de son mari et clame:
- Ne l'envoyez pas dans le Tartare!
Minos, d'humeur affable, répond sèchement: 
- Madame, ce n'est pas à vous d'en décider. Pas de réclamation ici. Et puis, si je puis me permettre une réflexion désagréable, vous avez un couteau dans le dos. Quel précieux mari vous a ainsi parée?
- Il m'a tuée mais je lui ai pardonné.
- Veuillez m'excuser...?
- Soyez cléments, je vous en prie.
Rhadamante soupire, fait un geste d'abandon à Minos et lui dit en confidence:
- Encore une chrétienne...ça commence à pulluler par ici. Va falloir qu'on agisse avant qu'on nous rencarde au chômage....
Vieilles comme le crime qu'elles poursuivent, même les Furies, ministres officielles de la vengeance des dieux, en restent le bec cloué. C'est que le pardon a ses mystères que la vengeance ne connaît pas.

 


Qu'est-ce que pardonner?
 C'est à la fois reconnaître la faiblesse de l'autre, relativiser les erreurs de son humanité défaillante mais aussi ravaler son orgueil blessé et assumer un statut inconfortable de perdant. Pardonner, c'est donner encore quand on a tout perdu : lire Concerto à La Mémoire d'un Ange d'Eric-Emmanuel Schmitt, formidable recueil de paraboles poignantes sur le sujet, ne manquera pas de vous illustrer cette réalité douloureuse.
Le pardon est un acte qui demande une force de caractère au delà de l'imaginable, une volonté de fer associée à une bonté exemplaire. Cest un acte compliqué car il est tributaire d'une conjoncture délicate durant laquelle il ne peut pas faire l'économie de l'effort couplé de deux consciences: l'une qui doit effacer l'affront et l'autre qui doit capituler en reconnaissant la médiocrité de ses actes. Oui, le miracle du pardon est la réparation conjointe de deux blessures narcissiques.
Faire du tort est inéluctable: c'est un penchant naturel de l'être pour apaiser ses propres terreurs, ses maux intestins, ses hurlements muets; c'est un moment intempestif où l'on oublie  l'Autre que l'on paralyse  de nos aigreurs passagères. Aussi, que nous soyons offenseur ou offensé, la vie nous amène malheureusement à accomplir ce "rite" compliqué du pardon.

Comment pardonne-t-on?
Le pardon est une notion ambivalente parce qu'il s'appuie, communément, sur le présupposé de notre non-liberté d'action. En effet, si nous sommes libres de nos choix et de nos actes, pourquoi serions-nous pardonnables? Pourquoi pardonnerais-je à X d'avoir agi ainsi contre moi  si j'étais entièrement sûre que c'était un acte délibéré pour me faire du mal? Pour que le pardon soit possible, il faut que je mette en place des raisons qui le déculpabilisent...que je m'arrange dans ma conscience pour me persuader qu'il ne recommencera pas parce qu'il agissait poussé par une force extérieure, la volonté d'un esprit qui s'est déjà transformé et n'existe plus tel quel.
Mais si l'on refuse le déterminisme? Si l'on pense que l'on est libre d'agir et de faire, comment envisager sereinement le pardon? Pour excuser, il est plus commode de penser    que l'humain est défaillant, que l'erreur est humaine, que l'on a été mal conçu! Bref, rendre responsable un tiers - la génétique, un dieu, toute substance psychotrope.
La maxime "l'erreur est humaine" a donné la possibilité incroyable à l'homme de pouvoir se décharger du poids de ses actes. Est-ce bien ou mal? Voilà qui serait le sujet d’une dissertation passionnante. Soulignons juste ici que l'homme de bien est celui qui profite de l'aubaine pour ne pas recommencer. Le monstre est celui qui persévère.
Reste une  dernière question tout aussi ténébreuse: 
Comment être sûr que l'on a vraiment pardonné?  Comment savoir si le l'enferpardon accordé est définitif et irréversible et que le doute et la colère ne reviendront pas   empester nos tempes de refrains maudits? 
En effet, on est forcé de constater qu’un pardon pur ne peut qu’être l'oeuvre d'un être pur et non pas d’un être qui aura simplement refusé de voir l'acte commis, aura joué les aveugles avertis, aura spéculé en espérant que l'avenir lui donnera raison ou aura  souhaité  une compensation à sa clémence...alors quoi!? le pardon véritable est-il humainement impossible? Les mystiques répliqueront que c’est au travers d’une divinité seule que le pardon est pleinement réalisable, les autres seront plus évasifs et discrets parce que.... le pardon reste tout de même un sacré mystère.

Si vous m'avez suivi jusqu'à cette ultime ligne, tentez déjà de pardonner ma plume incorrigible qui ne sait pas se tarir.

Bien à vous,

Texte : Julie Cadilhac - Illustrations / Arnaud Taeron pour le BSCNEWS.FR
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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 18:37

Photographie: Pierre Gable

Dessin: Arnaud Taeron

Texte: Julie Cadilhac


made in burtonDéclinée sur le mode kitsch, férue d'effets spéciaux d'avant-guerre ou de contes de fée parodiés où les sorcières et les vilains canards prennent toute la vedette et ne laissent que des rôles pâlichons aux beaux gosses et aux princesses, Tim Burton devrait être applaudi d'abord parce qu'il décomplexe. Ses héros sont souvent dotés de lourds handicaps, d'angoisses cauchemardesques, de psychoses irrépressibles qui en font des parias de la société. Et c'est avec une poésie toute de noir et blanc, de traits électriques et de folie polychrome qu'il sublime les laissés pour compte et  rend honneur à leur bizarrerie.
Oui, Tim Burton est un réalisateur hors pair car il a tracé une esthétique singulière, une patte originale à mi-chemin entre le gothique et le pays des merveilles. Roi des anamorphoses et des antithèses, ses oeuvres fascinantes sont tissées de récurrentes obsessions. Au pays des croque-mitaines enjoués, des chauve-souris étourdies de soleil, des masques qui libèrent le fou et l'introverti, des squelettes rieurs, des araignées qui jouent miroir par Arnoo et Pierre Gablede la glotte, l'incongru flirte avec le décalé, le délirant avec l'excentricité.
Dès lors qu'on se plonge dans ses entretiens avec Mark Salisbury, on découvre à quel point Tim Burton est un INCROYABLE personnage qui possède une biographie bien plus extraordinaire que tous les héros qu'il a mis en lumière - dans les ténèbres. 
Tim Burton me fait l'effet d'un albatros baudelairien qui a brillamment réussi malgré des ailes de géant qui le rendaient pataud et inadapté à la société contemporaine; il a su bousculer les mentalités étroites et conservatrices de ses prochains et a ouvert une porte inconfortable  mais troublante, celle d'un au-delà moins effrayant avec lequel on trinque et l'on plaisante bras dessus bras dessous. Oui, cette mort rieuse et barrée qui déstabilise le non averti, embrasse l'oeil du spectateur à Tim Burton -Sonatinegrands coups d'orbites expressives, de rayures de bagnards, de mains squelettiques et de sourires à dentiers généreux, c'est l'oeuvre d'un  bonhomme étrange qui a essuyé les plâtres chez Disney - summum à ses débuts de la naïveté et de la mièvrerie - et a réussi à s'imposer avec son trait biscornu et irrégulier face à la rondeur bien-pensante du monde.
Burton, c'est une invitation douce à la transgression du prêt-à-penser, une symphonie d'antithèses délicates et poétiques qui bercent nos coeurs d'enthousiasme - polycorde. Et c'est à tort qu'on l'accuse souvent d'excès d'originalité : ses films tendent tous à plaire et retiennent leur folie par excès de respect pour les producteurs qui ont investi de l'argent et le public qui a investi une confiance.
 Lorsqu'on lit les confessions de l'artiste, démiurge de toutes ces créatures mythiques de l'histoire du cinéma que sont Willy Wonka, Sweeney Todd, Le joker, Pingouin, Edward aux mains d'argent, Pee Wee, Beetlejuice, Ichabod Crane, Catwoman, Batman, Vincent, Jack, Victo Van Dort et bien d'autres, on ne peut que constater la volonté du réalisateur de privilégier le portrait d'Arnaud Taerondivertissement de son public à  l'unilatérale peinture d'un monde sombre et sans espoir. Certes, son esthétique se nourrit de ténèbres et de destinées glauques et sinistres mais... dans Batman le défi, par exemple, Gotham s'illumine sous la chaleur des guirlandes de Noël et des animations de fêtes foraines, ce sont des clowns qui constituent l'armée tapageuse de Pingouin et ce dernier se déplace dans les égouts sur un énorme canard de plastique!
Un mot pourrait définir le travail de cet amoureux des dissonances et de l'intuitif au détriment d'une logique trop implacable: OXYMORE. L'oxymore est une  figure de style qui consiste à placer à côté deux mots sémantiquement opposés: "cette obscure clarté" de Corneille ou la notion de "mort-vivant" siéent à la perfection au trait burtonien.
La noirceur du monde qu'il dépeint est ambivalente car dans les oeuvres les plus représentatives de son travail  éclosent des fleurs humaines, aussi pures que sublimes. Ainsi est Edward, Charlie Bucket, Katrina Van Tassel, même Alice...et leur peau tatouée de blancheur diaphane rayonne en osmose avec leurs regards profondément sensibles...
 Au fur et à mesure de ma lecture de l'interview brillamment documentée de Mark Salisbury , j'ai été autant conquise par l'homme que par le réalisateur. Il y a dans la sincérité du propos et sa modestie une authenticité qui sonne presque trop juste. En outre, la lettre rédigée par Johnny Deep, qui fait office de préface, montre à quel point Tim Burton a toujours privilégié le talent à la notoriété et s'est battu contre vents et marées pour soutenir ses intuitions ( Pierre Gable - Alice N'oublions pas que la participation de l'acteur à la série 21 Jump Street ne le prédisposait pas à cette carrière époustouflante) ...
J'avoue, une biographie est synonyme d'ennui dans ma tête de liseuse. Pourtant j'ai dévoré cette consistante interview comme j'aurais goûté aux mots choisis d'un conteur. J'ai donc relevé, ça et là, quelques mots précieux, quelques idées de ce génie qui combat ceux qui ont le "syndrome du happy end", le sympathisant des chiens, l'amoureux des yeux des gens, le faiseur de "décors à la géométrie brisée", celui qui storyboarde de moins en moins ses films " parce qu'il est plus amusant de préparer une scène et de la laisser prendre sa forme définitive sur le plateau " et je vous les livre, assaisonnés des travaux de deux artistes que je remercie d'une révérence de froufrous de dentelle, Arnoo et Pierre Gable.

 
Découvrir le dernier numéro du BSC NEWS MAGAZINE et son DOSSIER TIM BURTON bscnews mai - Tim Burton

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13 avril 2010 2 13 /04 /avril /2010 17:48


P1040043Il était une fois la jeune génération...celle du téléphone portable, du MP3, de l'ADSL,de MSN,de Facebook, de la sur-communication perpétuelle.
Il était une fois la perte du désir: ne plus savoir ce qu'est l'attente, plus de lettre qui tarde à caresser la boîte aux lettres, plus d'interdiction dû à l'âge...
Et peu à peu se dénature la si jolie fraîcheur des adolescents en fleurs qui déclinaient l'espoir et la candeur sous toutes ses formes tendres.
Je caricature l'histoire?

 J'entends des rumeurs de désapprobation qui vont m'accuser de pudibonderie. Mais laissez donc vos oreilles curieuses glisser dans le cercle des adolescents de 2010! Traversez donc  la barrière des Eastpack et  entendez leurs propos crus, forts de ce progrès "extraordinaire" qu'est l'accès facilité à des sources audio et vidéo riches en contenus hautement spirituels où le sexe est présenté sous son aspect le plus vil et le plus crasse. Faîtes mijoter dans vos oreilles  quelques images de lèvres pubères formuler des mots tels que "éjaculation faciale", "troncher", "baise anale" et.... méditez sur les bienfaits contemporains de l'accessibilité à tout.
La pornographie est à portée de main de n'importe quelle souris: faut-il s'en réjouir?
Ce qui est regrettable dans le monde contemporain, c'est que la pornographie est devenue un lieu de perversion.

A l'origine, la Pornographie était la déshabillée, l'effrontée qui venait taquiner le subtil Erotisme aux éveils discrets. Aujourd'hui elle n'est plus simplement la catin généreuse et triviale, elle est un monstre sadique ou  masochiste, écoeurant en tous cas car elle semble avoir perdu toute estime de soi. Ce qui l'a sali ?  son penchant pour l'obscénité qui a pris des proportions actuelles irrécupérables...
Il ne faut pas,  en grenouille de bénitier, hurler sur le sexe brut. Dire "Beurk, P1040032le  sexe, c'est crade et dégueulasse!". Le lit de chacun doit être un lieu libéré de réserve et de retenue pudique. Mais lorsque le sexe conquiert la sphère publique, il ne devrait pas tout se permettre. S'il est un sujet de plaisanterie, personne ne s'en sentira offensé. S'il s'annonce comme un lieu de perversion où les êtres qui y gesticulent perdent toute intimité, le sexe devient pathologique et sans intérêt. Parce que tout montrer ôte toute magie. Tout donner ôte toute envie.

L'érotisme et la pornographie sont des représentations artistiques du sexe et de la sexualité. La différence est au départ bien nette: la pornographie nous  met au rang d'animal sexuel, déclenche  des réactions mécaniques semblables à celles des chiens qui se frottent sur vos jambes. L'érotisme est censé, lui, éveiller l'imagination, être dans la sphère de "ce qui ne se dit pas". L'érotisme est une exaltation des corps, transcendée par un regard artistique:  une sublimation du désir.


 Comprendre que l'érotisme travaille sur le sous-entendu tandis que la pornographie affiche délibérement est essentiel.
L'érotisme place le fantasme comme ressort du désir. Le fantasme permet toutes les libertés...il autorise l'imaginaire à prendre le pas sur la réalité et même si l'on n'a pas l'audace d'aller jusqu'à la concrétisation, il nous ouvre une fenêtre de dérives psychiques. La pornographie le tue puisqu'elle  concrétise le fantasme.  Elle  violente par sa crudité car elle nous confronte à son illustration en chair et en cris .
Si l'érotisme semble recueillir mon assentiment, il est un point sur lequel je la condamne au même titre que sa consoeur malsaine.
Toutes deux placent la domination masculine comme essentiel ressort jouissif et cela a des conséquences sociologiques: il n'est pas rare d'entendre les jeunes adolescentes affirmer que la soumission aux caprices de son partenaire est la clé assurée pour le garder. On comprend pourquoi les féministes continuent d'être si virulentes; ayant essayé d'éduquer leurs mères, elles se voient face au même échec avec la génération suivante.
 Les adolescentes d'aujourd'hui semblent être piratées par les désirs des hommes et lorsque l'on observe les clips de Britney Spears à la télé ou -pire- que l'on intercepte dans les cours de lycée les descriptions impudiques des cajoleries qu'elles sont fières de distribuer à leurs hommes, on reste perplexe. La femme-objet reste un poncif des représentations sexuelles...et qu'on ne me parle pas des récits de femmes initiatrices! Ils demeurent des phénomènes mineurs...et d'ailleurs, souvent, ces femmes matures manipulant de jeunes esthètes finissent elles aussi par se retrouver sous le joug  du phallus.

l-enfer.jpgLa pornographie est évidemment la première au banc des accusés: elle affiche avec outrecuidance des hommes manipulateurs assouvissant leurs désirs primaires et des femmes- poupées désarticulées aux gémissements téléphonés. La pornographie a été inventé par des gens sans imagination si l'on exclue l'aspect gymnastique.... Il n'y a guère que des abrutis testéronés (espérant en secret pouvoir fesser des courges aux cuisses liposucées ) pour se satisfaire de cette mascarade de plaisir rugissant...ou bien des adultes qui cherchent à compenser leurs manques sexuels. Et c'est là que le "bas" blesse.... s'il n'émoustille plus.


Aujourd'hui l'adulte parent se complaît souvent dans l'immaturité et cherche ainsi à s'afficher comme le complice libéré face à ses gamins: alors qu'il joue le jeu jusqu'au bout! S'il expliquait à ses mouflets bouillonnants de leurs premières émotions hormonales sur quoi repose une sexualité épanouie?
Qu'il libère sa  langue puisqu'il  est tant affranchi des tabous de ses parents! Qu'il ne régresse pas! Qu'il parle aux gosses de l'utilité, pour le sexe, de COMMUNICATION, TENDRESSE, PARTAGE, ENVIE DE DONNER, RECIPROCITE. Qu'il  leur apprenne que le sexe est un art, que la femme n'est pas un objet et que ses désirs sont aussi importants que ceux des mâles. Qu'il leur fasse lire le Kamasutra qui rappelle à quel point les conditions et le cadre durant lequel naissent les ébats sont primordiaux! Au lycée, on devrait prescrire l'amant de Duras. Pour réaliser  le plaisir trouble de l'évocation, pour comprendre que le sexe n'est pas une pancarte que l'on brandit comme un trophée mais bien une quête de plaisir subtile...et périlleuse.
 
L'érotisme accompagnait les anciens: Le saviez-vous? On trouvait souvent de larges phallus  à l’entrée des habitations romaines car le phallus était signe de chance. En Grèce antique, le Herma ,  petite statuette composée d’une tête sur un socle rectangulaire d’où se dressait un phallus,était un objet courant et une amulette de protection. En Asie, la peinture érotique sévit depuis le moyen-âge. Les grecs initiaient leurs hommes aux premiers plaisirs et à la sexualité...l'éraste, homme adulte, prenait en charge un adolescent , l'éromène et la pédérastie désignait à l’origine une institution morale et éducative bâtie autour de la relation particulière entre un homme mûr et un jeune garçon.Il y avait dans les civilisations anciennes  ce souci de l'épanouissement sexuel. Or aujourd'hui, à part les sexologues, plutôt là pour guérir que pour initier, qui prétend apprendre la sexualité?
La sexualité, c'est inné? Allez dire cela sur la place publique! Vous serez étonnés! Evidemment qu'à voix haute, personne ne vous contestera! mais en confidence, combien se plaindront de leurs partenaires...cunnilingus, fellation, masturbation, morsures, caresses, baisers...voilà des mots dont on rit beaucoup en soirée et dont on se gausse mais dans l'intimité...allez hop, entrée, sortie, entrée, sortie....ah ah ah ah ah a...ttention chérie, je ne tiens plus et pschlitttttttt....terminado....ça valait le coup de passer...
Aujourd'hui, à l'ère de la libération des moeurs et du sexe, on s'aperçoit que les tabous sont restés et les incompatibilités sexuelles sont le joug de tout un chacun. Mais, même si l'on ne pratique pas plus ( et pas mieux) que ses parents, la modernité c'est qu'on parle de sexe, on regarde du sexe. L'érotisme aujourd'hui est affaire de mode. Il est chic d'écrire cru ,et de l'avouer haut et fort, la bisexualité est fashion et les réunions tupperware version godes ultra tendance. Les corps nus pleuvent en peinture, au théâtre même, à la télé.L'érotisme se vend bien; il faut lui reconnaître cela. Quand on promet de la fesse chaleureuse, les regards se tendent et les porte-feuilles se font plus lâches...c'est vieux comme le monde l'idée que le sexe dirige le monde...
J'avoue que traiter d'érotisme ce mois-ci m'a été d'une grande difficulté...ma fibre féminine s'est sentie blessée. L'érotisme est un thème qui pourrait ne pas créer de notion d'inégalité sexuelle...mais force est de constater qu'il reste encore un lieu de domination masculine prégnant. J'aurais aimé trouver de beaux nus masculins pour accompagner cette galerie de portraits de femmes parées de noir et blanc.
Enfin...j'ai quand même choisi d'en parler aussi....histoire d'être aussi bêtement conformiste que les autres?
Une dernière pensée:
On s'insurge contre ceux qui voilent.
On a raison.
Mais on s'insurge peu contre ceux qui dévoilent.
Pourtant....dans les deux cas, on parle de femmes soumises.
A bon entendeur.


Chronique pour le BSCNEWS.FR

Illustrations: Arnaud Taeron

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28 janvier 2010 4 28 /01 /janvier /2010 13:03
affiche-light.pngLe féminisme, une révolution qui aurait échoué?
Mercredi 27 janvier au Cinéma Diagonal-Capitole de Montpellier a été organisée par la compagnie théâtrale Tirepaslanappe une soirée-débat sur la femme précédée de deux projections de grande qualité:
- Une minute pour une image,réponses de femme d'Agnès Varda(1975)

- La domination masculine de Patrick Jean.

Le débat était animé par Geneviève Fraisse, historienne et philosophe, Mathilde Monnier, directrice du centre chorégraphique de Montpellier, Marion Aubert, dramaturge et comédienne, Marion Guerrero, Metteuse en scène et comédienne.

Beaucoup d'émotion à la sortie de cette double projection. Si l'humour nefemmes-hommes.jpgmanquait pas, l'actualité du sujet n'a pu que sensibiliser le spectateur.
Agnès Varda, plasticienne de talent, montre des femmes qui assument leur féminité et assument leur sexe de femme. Cette "minute"  est une parenthèse légère fort appréciable avant le long métrage de  Patrick Jean. Ce dernier , en effet, aborde avec plus de violence  les aspects dramatiques de la domination masculine.

la_domination_masculine_3.jpgEt si l'on pouffe discrètement de rire lors de l'allongement du pénis d'un monsieur X ou des explications d'un vendeur de jouets à l'esprit étriqué, on est interpellé par le graphiste qui retouche les corps des mannequins pour des magazines, par les critères que les femmes donnent de leur homme idéal lors d'un speed dating, par les femmes potiches que l'on installe dans les salons d'automobile ou  encore par cette strip-teaseuse qui   prétend monnayer son corps à des fins personnelles thérapeutiques.

Sous les confidences d'un groupe féministe actif québécois, on découvre l'échec relatif des mouvements de libération de la femme des années 70  et il s'esquisse au fur et à mesure du film une recrudescence d'images perturbantes.
  Premier choc: la violence conjugale est la plus forte chez la nouvelle génération. Seconde réalité que l'on prend de plein fouet au travers de témoignages de femmes troublants: la violence est là tout près, presque trop banale. Toutes ces victimes ont été face à des anges qui ,de violence verbale ( menaces, insultes, reproches à répétition) en marques d'intimidation physique mesurées  en arrivent aux coups et à la-domination-masculine-de-patric-jean-4067263xdihe_1731.jpgl'homicide parfois.
 Le saviez-vous?Tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son compagnon. 30% des crimes sont du ressort de la violence conjugale.  A croire qu'on est retourné à l'époque pré-historique!

La fin du film n'hésite pas à  montrer  des interventions de police, des femmes battues et en sang qui hurlent qu'on ne leur enlève pas leurs maris, des clichés effrayants de visages tuméfiés, de corps lacérés, d'un évier ensanglanté...et puis aussi, des voix ,désespérées lorsque la justice les avertit " il a été libéré" et enfin cette tragédie, en 1989, à l'école polytechnique à Montréal, le meurtre de 14 femmes par Marc Lépine, 25 ans pour le mobile suivant: "je combats le féminisme".

Le point fort de ce film?
Patrick Jean
, souvent, nous laisse simplement observer. Des pieds qui progressent dans la rue. Des attitudes d'attente. Des comportements en soirée. Et le La-Domination-masculine.jpgspectateur réalise par lui-même combien le clivage des sexes est encore terriblement marqué.

La participation de certains hommes, excédés, ne manque pas non plus de faire réfléchir.
L'un s'insurge que le Québec est l'antithèse des talibans. Au Québec, il y a l'oppression de l'homme, s'indigne-t-il. Le réalisateur filme des portraits de  mâles désemparés, s'estimant victimes d'un féminisme qui les désarme complètement.


"Le déclenchant, c'est pas l'autre. Le déclenchant, c'est moi."


Le féminisme aurait-il déclenché une révolution qui aurait échoué? ce mouvement féminin ,aujourd'hui souvent décrié comme intolérant par nombre d'hommes, doit -il être taxé d'injustifié et n'a -t-il pas des justifications solides pour perdurer?
Qu'en est-il aujourd'hui de l'égalité entre hommes et femmes? Est-ce un mythe? Peut-on dire qu'il y a intrinsèquement une volonté masculine de ne pas perdre l'autorité? Doit-on juger positif et sain l'agressivité, le besoin de dominer qu'Eric Zeimmour ratifie par un " l'homme est un prédateur sexuel"? Le mâle doit-il rester un animal dominant au prix de l'inconfort de sa compagne?

Qu'est-ce que la domination masculine? une réalité naturelle ou une manipulation ancestrale des hommes?

On entend, lors du long métrage , un philosophe affirmer que l'homme est fait pour créer l'environnement tandis que la femme doit s'adapter à cet environnement. De quoi faire hurler toutes les âmes sensées! ....à moins que l'on ne rétorque  ceci: n'est-ce pas une marque d'intelligence et donc de supériorité que celle d'avoir des facultés d'adaptation?


Partout dans le monde, en 2010, la libéralisation des femmes continue d'entraîner une recrudescence de la violence à leur encontre. La burka est une des expressions de cette volonté d'écraser toute tentative d'émancipation. L'homm aurait-il peur des atouts possibles de sa compagne au point de souhaiter la soumettre et les éradiquer?
Si la situation au proche-orient est clairement menaçante pour le statut  de la femme, en Occident, il semblerait que les hommes ne se positionnent pas d'une manière logique vis à vis du sexe féminin. Tantôt ils les veulent soumises, sages et assidues aux tâches ménagères, tantôt coquines, perverses et objets de tous les désirs. Devant tant d'ambivalence, il n'est toujours pas facile d'être une femme et de s'affirmer.  Et la culpabilité  reste le nerf de cette guerre froide..... et les hommes gagnent le plus souvent grâce...aux femmes qui jouent leur jeu.

Dans le long métrage, les jouets ainsi que nombre d'éditions de livres pour enfants  semblent signifier que les femmes n'ont pas vraiment d'imagination, qu'elles n'aiment pas voyager et préfèrent leur quotidien rassurant...bref qu'elles manquent de ressort....Mais attendez-là...ne serait-on pas en train de décrire bon nombre d'hommes que nous côtoyons?

Et si l'on arrivait à  dire ENFIN que les femmes sont des hommes comme les autres....?
Un lien amusant pour poursuivre la réflexion:le sexisme et la publicité:http://advertisingtimes.blogspot.com/2010/07/le-sexisme-dans-la-publicite-en-45.html

 

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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 19:43
http://pedagogie.ac-toulouse.fr/eco-pri-lacaugne/2004/image/grammaire.jpgJ'ai une vive admiration pour l'écriture d'Erik Orsenna, qui sait jouer avec une prose élégante et fine aussi bien qu'avec le verbe d'un conteur pour enfants.
Certains connaissent peut-être "La grammaire est une chanson douce", roman pour pré-adolescents qui narre l'incroyable aventure de deux enfants qui ont perdu leurs mots suite au choc d'un naufrage et se retrouvent "hébergés" sur l'île imaginaire des mots.
L'héroïne, Jeanne, ne manque pas de
curiosité et découvre la "Ville des mots" , au côté de Monsieur Henri avec  autant d' enthousiasme grandissant que de questionnements.

Un extrait, ici,  de Jeanne à l'hôpital des mots, au chevet d'une phrase http://livremania.unblog.fr/files/2009/08/9782253149101.jpgbien connue:
" Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t'aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu'elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t'aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pieds.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète "Je t'aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. "(Erik Orsenna)

http://aiguesmortes.free.fr/ileauxmots.jpgEnvie de parler d'une réalité qui me fait m'isoler de l'actualité politique par écoeurement .
Comment n'arrive-t-on pas à élire du personnel politique qui ne fasse pas sans cesse des roues de paon, caresse son porte-monnaie et  ses promotions, prêche pour des idées qu'il n'a pas?
Pour croire en ses idées, il faut les vivre au quotidien et ne pas vivre suspendu à ses taux de popularité.

On ne parle pas de partage et de socialisme si on séjourne dans le XVI ème et que l'on met ses enfants dans le privé, bref si l'on pratique l'égalité avec la mentalité de la noblesse sous  Louis XIV. On ne parle pas de capitalisme si l'on n'envisage pas de rémunérer et que l'on freine des quatre pieds à toute liberté d'échanges économiques. PAS DE LIBERALISME sans PLURALITE. On ne disserte pas sur l'identité nationale si l'on rêve de comptes en Suisse et de vacances ailleurs, si l'on se contente de hisser le drapeau et de traumatiser les badauds avec des épouvantails. On ne parle pas d'immigration si l'on se contente de serrer trois mains et demies un samedi par trimestre et bien arrosé de caméras-témoins. On ne parle pas d'éducation, de santé si l'on n'a jamais posé ses fesses sur une chaire, si l'on a jamais piqué un patient et soutenu jusqu'au dernier souffle des êtres grabataires. Seulement, en France, quand on a le privilège d'entrer au panthéon des "politiques", on peut TOUT faire....à croire que les hommes politiques sont des super-héros!

Aujourd'hui, les débats politiques sont récurremment pitoyables: ils cherchent à faire passer le temps. On met sur un plateau deux gladiateurs et on les laisse se balancer quelques injures de goût au visage. On assaisonne le tout d'un journaliste punching-ball, d'un public réactif mais pas trop (  Jamais personne pour aller ternir le fond de teint de MLP....) et de fausses questions sans  vraies réponses.
Intérêt? AUCUN. Gaspillage d'encre et de papier le lendemain.
Ecologie: -1. Egologie: +1
On a juste perdu l'occasion de regarder un bon film sur une autre chaîne.


Je ne crois pas en l'Homme Politique. Tant que l'on s'obstinera à mélanger luxe (ure?) et pouvoir, rien de bon ne pourra se créer.
Selon moi, on est efficace et créatif que dans le besoin. C'est l'Histoire qui lecarte_gram.gif dit. Certes, n'allons pas jusqu'à souhaiter d'affamer  nos têtes dirigeantes  ( ni son peuple d'ailleurs, sauf pour les amateurs de révolution) ,  mais un peu de restriction dans les salaires ne ferait pas de mal et ôterait les compromissions permanentes et  l'arrivisme pour garder ses privilèges  longtemps.
 Un exemple pratique?  Le comédien qui crève de faim sur le tréteau a plus d'énergie et de volonté que celui qui est choyé et nourri.  Ben oui! Il veut qu'on le regarde et que les pièces tombent dans son godet! Regardez donc les caricatures des bourgeois dans les siècles précédents...rien n'a changé!  La bedaine pleine, on se force moins à réfléchir et l'on pense surtout à ses intérêts. C'est intrinsèquement humain.

J'ai besoin d'avoir foi en quelqu'un, de reconnaître son authenticité pour  en accepter sa justice. Pour être crédible, il faut appliquer à soi les règles que l'on met en place: tout professeur sait cela. Sur un chantier, le maître respecte les consignes de sécurité autant que ses ouvriers....c'est une question de vie ou de mort. Pourquoi est-ce différent en politique? Pourquoi tolérerait-on le "faîtes ce que je dis, pas ce que je fais?"?
Il faudrait que nos dirigeants réalisent ce truïsme: on ne peut pas respecter une autorité qui triche.

Bref, beaucoup de bavardages pour expliquer pourquoi j'en suis venue à écrire le texte ci-dessous....


Ah...si les mots pouvaient parler....


http://cyreal.free.fr/spip/local/cache-vignettes/L150xH223/grammaire-chanson-douce-a02cb.jpg-Monsieur Henri, qui sont ces mots bouillonnants devant la mairie?
- Ce sont les mots "Droite" et "Gauche", Jeanne. Ils se disputent avec le maire parce qu'il ne veut pas faire aboutir leur requête.
- Quelle est cette requête?
- Ils veulent être éradiqués du dictionnaire.
- Pourquoi? répondit Jeanne étonnée, vous disiez qu'ici, justement, sur l'île des mots, on essaie d'empêcher que les mots ne disparaissent...
- Ces mots-là sont exaspérés: ils ne supportent plus l'utilisation que l'on fait d'eux. Au départ, c'étaient des cartésiens, ils indiquaient des directions, donnaient du sens à l'individu qui les employait. Depuis de nombreuses années maintenant, la politique les a adoptés et on les utilise à tort et à travers." Droite" a l'impression d'être "Gauche" et "Gauche" "Droite". Ils ont perdu leur sens.
- Pourquoi les hommes n'utiliseraient pas d'autres mots à leur place?
- C'est ce qu'ils ont proposé au départ. Les  "solitaires", les "collectifs", les "râleurs", les "conservateurs", les "progressistes", les "tire-aux-flancs", les "idéalistes", les "partageurs", les "arrivistes", les "pragmatiques", les "égoïstes" semblaient être les candidats idéaux. Mais les hommes ont refusé...
- Pourquoi?
- Pour des raisons d'étiquette et de politesse. Or les mots, Jeanne, ne supportent pas bien les sous-entendus. "Droite" et "Gauche" en sont minés.
- Qu'est-ce qu'un sous-entendu?
- C'est dire un mot pour en faire comprendre un autre. Les hommes sont hypocrites, Jeanne.
- Qu'est-ce qu'un hypocrite?
- C'est un mot d'origine grecque qui désignait, au départ, le comédien.
-Les hommes sont des comédiens?
- Oui, surtout les hommes politiques, ils jouent des farces.

Jeanne ne comprenait pas tout à fait pourquoi "Gauche" et "Droite" faisaient tant d'histoires. Après tout, ils avaient du succès...elle regarda encore une fois ces drôles de mots qui vitupéraient et remarqua soudain une procession qui venait à leur rencontre.

-Vois-tu ce convoi de deuil, Jeanne? soupira Monsieur Henri . Aujourd'hui, les adjectifs pleurent. Un de leurs sages s'est suicidé.
-Un adjectif s'est suicidé?
-Oui, l'adjectif "tolérant". Après de longs mois de dépression et de névrose. Il n'arrivait plus à trouver un lien réel et valable avec un nom. Alors il a préféré s'éteindre.
- C'est quoi, être tolérant?
- C'est accepter de ne pas être d'accord avec l'autre.
- Simplement ça! En quoi est-ce difficile?
- Ne te disputes-tu jamais avec ton frère Thomas?
- Si...mais c'est juste parce que les garçons, c'est bête.
Où vont les mots qui se suicident, Monsieur Henri?
-Je ne sais pas, Jeanne. Sans doute au paradis des mots.
- Un mot ne peut pas mourir! Il suffit de le prononcer! Tolérant! Tolérant! cria Jeanne par défi.
- Si..d'abord, on le maltraite en l' utilisant mal et un jour, les hommes ne l'entendent plus quand il est prononcé car ils savent qu'il est un mensonge. Alors on le fait disparaître au fond d'un vieux  dictionnaire...et on l'oublie...
- C'est triste tout ça Monsieur Henri.
-Rentrons, Jeanne. Les mots vont de mal en pis et j'en demeure à chaque visite un peu plus malade.....






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3 janvier 2010 7 03 /01 /janvier /2010 12:50
la-caresse.jpgParler de désir à l'heure où la nature s'endort et où l'hiver nous amène à passer en mode "hibernation"? Soit!
 Par provocation alors, envie de me cantonner simplement au désir qui se lie à Eros. Parce que je ne peux pas tout embrasser...

 Illustrations: Arnaud Taeron

D'abord, l'essentiel est d'arriver à  distinguer amour et désir : l'expression " désir amoureux " est, à mon sens,  trompeuse.
Cherchons naïvement une définition des termes dans un dictionnaire: L'amour est un sentiment plus ou moins rationnel envers un être ou une chose.  Le désir est la recherche de la réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque. On désire ce dont on manque.
L'amour est en quelque sorte passif:  il est donné: il ne se cultive pas. C'est une évidence. On aime . Point. Le désir , par contre, est actif puisqu'il est "recherche".
Amour et Désir n'ont donc  ni mêmes moyens ni  mêmes ambitions.

Je me rappelle une fable de La Fontaine que j'affectionne particulièrement: L'amour et la Folie. Le récit raconte la dispute du fils de Vénus et de la Folie. Cette dernière, dans un accès de colère, le frappe aux yeux et le rend aveugle. Voilà la chute:

"(..)Le résultat enfin de la suprême Cour
Fut de condamner la Folie
 A servir de guide à l'Amour."


La Fontaine nomme Folie ce que je baptiserais Désir. Cette folie qui précède l'amour et le laisse souvent en plan par la suite pour aller conter fleurette ailleurs.
Le désir batifole, c'est sa nature, il a besoin d'être insatisfait pour vivre; aussi semble-t-il incompatible avec la pérennité de l'amour!
Conscients de l'instabilité de cette "folie", on entend souvent des couples en crise évoquer la nécessité d'entretenir le désir,  plante peu docile et dont les perspectives de longévité sont aussi inespérées qu'arbitraires.
L'idée de perdre cette fleur superbe qui colore et parfume si délicieusement bien nos vies nous rend fébrile. On sait instinctivement, dès sa morsure,  que la  préserver  risque d'être une activité besogneuse et à plein temps.

Non, ce n'est pas chose facile que de faire de l'horticulture  émotionnelle, encore faut-il avoir le pouce vert!


Cultiver le désir, c'est tenter un pari audacieux:  on sait d'avance qu'il sera malmené par les rigueurs et la perfidie des saisons. Le froid de l'hiver, la nouveauté du printemps,  la tentation de l'été , l'apathie de l'automne ...et on a raison d'avoir peur qu'un matin,à défaut d'un désir qui vaille, seul un amour poli vous accompagne sous la couette.
En effet, j'arrive à me représenter aisément un être éploré  hurler " j'ai perdu mon désir" au milieu d'un lit dévasté par ses recherches fébriles, beaucoup moins le même s'exclamer" où est donc passé mon amour?". C'est une question de termes et de sensibilité.castra2.jpg

L'amour est un don, une foi. Victor Hugo disait "Aimer, c'est la moitié de croire".  Le désir est, quant à lui,  un sale garnement joueur.
Sacré désir que l'on tente de garder alors que tout un chacun sait  qu'il ne se maîtrise pas, qu'il torture l'estomac soudain, s'immisce tel un virus violent dans toute votre chair et n'en sortira tari et satisfait qu' à son bon vouloir. Certains auront souffert, hurlé à l'aide, imploré grâce jusqu'à ce que le perfide sentiment décide de plier bagage, laissant derrière lui , au mieux des désillusions ,au pire des tourments que rien n'étanchera. D'autres resteront prostrés face à l'Autre, pantins silencieux et contrits devant la froideur qui les emprisonne soudain et les empêche de regarder leurs partenaires comme avant.

Mais qui prétend connaître un remède à l'alchimie évanouie?

 Tout le monde sait  que le désir n'a pas de maître; qu'il est un passager regretté qui laisse dans un train train monotone et amer ses compagnons de compartiment.
Face à ce galopin,en vieillissant et forts d'une expérience, on ne sait qu'espérer. Qu'il nous adopte à nouveau, nous prenne la main et nous emporte dans ses folies ou qu'il nous ignore.
Les deux postures sont insupportables: être sous l'emprise du désir ou n'en ressentir aucun.

Pourquoi rechigner au désir?
Mais c'est qu'à force de jouer avec nos ventricules, il essouffle et  fatigue!  L'engouement de la jeunesse se heurte progressivement aux claques de l'expérience et lorsque le terrible marmot ( ben oui, c'est forcément un gosse pour être si spontané!) débarque, on a envie de l'assaisonner d'une bonne fes
sée.
 Enfin,  en théorie...quand on a la force de ne pas se laisser une nouvelle fois séduire par ses yeux charmeurs et son air innocent...il est tellement vampirisant ce môme!
Certes, sans lui, jamais tous ces  mots enflammés, jamais toutes ces  inimaginables démonstrations d'amour!  Mais ce serait oublier que le désir a toutes les caractéristiques d'une bonne cuite: délice à la montée, horreur à la descente.
S'il permet aux hommes de se surpasser, d'exceller d'imagination et de ressources un temps, en contrepartie il rend légume et benêt en fin de C.D.I.  Ayant un DRH aux réactions brutales, on ne sait pas trop quand on va lui demander de prendre congé. Et vous pensez s'il est syndiqué le bougre!

Monsieur Désir. Sacré bonhomme bien familier. Sans Domicile Fixe mais diablement Riche et juste à côté de chez vous. 
 Monsieur désir , Attila en puissance qui terrasse et laisse place nette. Aucun gazon ne fleurit après son passage. Ou alors, c'était un faux.
Et heureusement, les  originaux sont rares. On croise souvent de faux désirs étourdissants, de la camelote bien saine. Et tant mieux parce qu'en vieillissant,  le corps ne sursaute plus aussi vite et que, si les plaies cicatrisent mieux, la désillusion tient compagnie. Et c'est pire, au final, que d'avoir mal un bon coup.

Les faux désirs  brillent peut-être un peu moins mais s'effacent sans larme ni détresse ; les vrais brisent et tordent vos tripes qui finiront, lasses, par se faner. Or comment continuer à plaire à  l'âge des peaux flétries, du mollet flasque et des dents couronnées, si ce n'est  grâce à un estomac solide et rieur !

Le désir est artificiel et  créé de toutes pièces par un "sujet" manipulateur (in?)volontaire . C'est en cela qu'il est dangereux et le pire ennemi de l'homme. Nous sommes des êtres naturels et le désir titille des sentiments malsains: l'orgueil, la concupiscence, la colère et bien d'autres. Le désir nous emprisonne dans des besoins que notre corps ne réclamait pas.
On me répliquera que ce sont des paroles de grenouilles de bénitier, que le piquant de la vie est dans ces conquêtes que nous proposent le désir.
Soit. Sans désir, tout s'étiole et se meurt....
Mais le désir, souvent  insatisfait, bafoué ou fugitif, est un supplice de Tantale. Alors que choisir si temps est que nous en ayons la force?
Désirer ou fuir?
Continuer ou renoncer?

Epictète disait: "Ce n'est pas par la satisfaction du désir que s'obtient la liberté mais par la destruction du désir".

Personnellement, je n' ai pas encore eu la sagesse d'essayer...

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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 11:54
L’éternité, c’est ce qui est en dehors du temps. Un petit exemple pratique pour intégrer… ou deux même.
  -    « Quoi ?chérie ? C’est déjà ton anniversaire ? »
ou
-    « Mais tu as fait la vaisselle… j’étais sur le point de m’y mettre ! »
  Pour Sartre et les existentialistes, la temporalité est constitutive de la nature humaine :
-    le fait que nous soyons des « êtres-pour-la-mort », c’est à dire des êtres limités en durée
-     notre difficulté à saisir qui nous sommes puisque nous sommes en éternel changement, pris dans un temps qui ne cesse de passer.
( Et toc, pour le rencard de ce soir, vous allez pouvoir frimer avec quelques notions philos... merci Miss Décalée!)
  Savoir que l’on existe, c’est avoir conscience du temps et que l’on est condamné à la finitude. D’où les angoisses liées au temps.
L’homme aimerait pouvoir conjurer ou annuler les effets du temps irréversible. Le temps nous croque, aspire notre vitalité minute après minute et les mortels que nous sommes regardent le temps glisser dans le sablier avec des regrets pleins les poches.
Pourtant, lorsque l’on se détache des sphères hautement philosophiques et que l’on s’attelle à des considérations terre à terre, il semble vite que le sexe dit fort , doté sans doute d’un ego disproportionné et d’une estime de soi nourri à la louange maternelle ( «  mon fils adoré, tu es invincible, le meilleur, rien ne t’arrivera jamais, je suis là…) ait une conscience de sa temporalité qui déraille.
  Et c’est aussi parce que la nature est mal faite : l’homme peut procréer jusqu’à sa mort…et tant qu’il a la virilité du pénis qui tienne. Aussi sa prise de conscience de son temps imparti sur terre éclôt bien plus tard que celle de la future ménopausée. D’où les incompréhensions, les disputes et les conneries du genre «  les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars ». Sornettes! nous sortons tous d’un utérus, seulement nos rapports avec celui-ci varient suivant la couleur de notre layette. Si je suis rose, on va vite me faire comprendre qu’il faut que je me bouge les fesses, que je me case et que les vieilles filles ne font pas de vieux os et désespèrent leurs géniteurs. Si je suis bleu, on me dit de rester autant que je veux dans les jupes de maman et on me chouchoute parce que mon appendice viril est une bénédiction familiale.
Aussi cette fatalité de l’horloge biologique, clairon irrépressible qui touche la plupart des femmes est une injustice aussi bien biologique que socio-culturelle. Et même si aujourd'hui on peut accoucher à soixante ans ( scandaleuse dérive du progrès médical), les mentalités restent.
Histoire de me faire mousser un rien et en taisant ma pré-ruade sur google , je  vais jouer la savante un instant : l’horloge biologique désigne, au départ, le cycle éveil-sommeil de la plupart des espèces vivantes : sous la dépendance de l’alternance jour-nuit, notre horloge biologique située dans l’hypothalamus synchronise notre organisme grâce à l’information lumineuse recueillie par la rétine. Pourtant, en 2009, lorsqu’horloge biologique s’immisce dans une conversation, elle désigne la plupart du temps le réveil tonitruant du désir d’enfant chez la gent féminine.
- Parce que les femmes sont des emmerdeuses et qu'elles monopolisent les sujets de conversation, répliqueront nombre d'hommes.
  La dérive sémantique  de cette expression est  une injustice de plus que supporte le sexe féminin  qu'on affuble d'une image gnagnanteuse et primaire.
"C'est chiant les filles, ça cherche à vous rappeler que vous vieillissez, ça assume  d'aller à l'hôpital, ça vous admoneste d'aller voir Mamie Azheimer à la maison de retraite et ça cherche à bousiller vos nuits et vos narines d'acouphènes babillards et escrémenteux".

Cette expression " horloge biologique" révèle surtout la situation cacochyme des rapports homme/femme dans un siècle où l’espérance de vie augmente ( si l’on met sous silence les séismes politiques étrangers, les porcs enrhumés, la pollution zélée, le stress cancérigène) , où les désirs naturels ont fait place à la priorité aux plaisirs factices et égoïstes ( si on a un gosse, on ne pourra plus sortir tous les soirs !!! ahhhh !),  où la contingence a détrôné la nécessité. Ben oui, aujourd’hui on est fier de revendiquer qu’on n’est plus des bêtes, qu’on est libres de tout ( penser, mépriser haut et fort, tromper son conjoint et le clamer à tout va..quel progrès !)….et comme l’immaturité est monnaie courante de 30 à 40 ans, on refuse de procréer pour éviter d’avoir à devenir responsable.
Pourtant, les réticents devraient souffler un peu : en 2009, ce n’est pas parce que l’on pond une tripotée de mouflets qu’on doit se sentir des obligations et des devoirs. Non ! Réjouissons-nous ! De nos jours, le droit à être heureux et à vivre pleinement est un alibi accepté pour négligence patente de l’éducation des mômes.Après cette digression dont la chroniqueuse s’excuse platement et revient à ses ovaires…aux siens pour l’exemple, au vert pour l’instant.
  A l’approche des 30 ans, des signes caractéristiques de mal-être bourgeonnent chez  les  femmes sans enfant. Tic tac, le temps poursuit son cours sinistre et les mois sont comptés avant que LA FAUCHEUSE DE FEMINITE, la terrible Ménopause, coupent l’espoir d’être maman. L’angoisse prompte à s’établir met péril en la demeure et psychologiquement, la femme se surprend à adopter des comportements amoureux antithétiques à ses habitudes anciennes. Aussi la « casée », la moins en danger semble—t-il, devient insistante et capricieuse, ou distante et dépressive devant son âme sœur aux objectifs futurs peu portés alors sur la paternité . Tandis que la célibataire se noie dans des bras débiles ( dans toutes ses acceptions sémantiques, l’abruti (le macho, l’égoïste, le don juan) et le fragile étant  aussi peu inaptes l’un et l’autre à combler ses désirs) , se contraint à des solutions sages, cherche une corde ou une dague pour quand sonnera le glas hormonal et que l’utérus sera resté vide.   Alors quoi ? Cette horloge biologique, prétexte à du chantage féminin et des escapades masculines, est encore un méfait du temps et de ses conséquences.  
En même temps, l'espiègle Cupidon et le Titan Chronos ne semblent pas faits pour être compatibles. Un peu trop  de douceur pour un monde de brutes...
  La météo des amours n'est ensoleillée qu'un temps: après on arrondit le dos, les angles et on rêve comme Alexandre Eiffel (Le petit sauvage d'Alexandre Jardin, un classique à lire absolument) à des reconversions, projets à 99 pour 100 avortés par notre lâcheté humaine génitale. Une scintigraphie des coeurs malmenés par le temps montrerait comment le temps pourrit même ce dont l'homme dispose de plus précieux. L'amour n'échappe pas aux affres du  temps et la passion se décolore sous l'emprise de l'enchaînement des matins. Roméo et Juliette ont eu la chance de n'avoir que quelques heures à babiller ensemble et Pénélope était une idiote d'un autre temps.
Le temps de dire ouf on ne s'aime plus, on divorce, on devient machiavélique et manipulateur des angelots que l'on a engendrés avec cette moitié que l'on déteste tant maintenant. Alors oui, on reste admiratif devant les vieilles mains des couples qui déambulent cahin-caha sur la trottoir usé, on soupire en lisant Longtemps d'Erik Orsenna et parce qu'il y a eu l'amphore de Pandore, on garde ESPOIR qu'à nous, tout ce déglinguage du couple n'arrive pas. On essaie de se persuader qu'on est des super héros de l'Amour et on sait déjà qu'on a tout faux.
Pourtant, en lisant ces quelques lignes de  L'amour fou d'André Breton, on pourrait réaliser que nous nous asservissons volontairement au temps. Que la fatalité en amour, son immobilité, sa désespérance ne sont peut-être que des entraves disposées par notre esprit frileux sur notre route. Selon Breton, l'amour est toujours devant nous et chacun y a droit parce qu'il est chose humaine.
"Les hommes désespèrent stupidement de l'amour - j'en ai désespéré - ils vivent asservis à cette idée que l'amour est toujours derrière eux, jamais devant eux : les siècles passés, le mensonge de l'oubli à vingt ans. Ils supportent, ils s'aguerrissent à admettre surtout que l'amour ne soit pas pour eux, avec son cortège de clartés, ce regard sur le monde qui est fait de tous les yeux de devins."
 
Alors restons vigilants et montrons les dents au temps assassin...il osera pointer le bout de son nez moins vite.

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Décalée par Julie

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