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25 janvier 2010 1 25 /01 /janvier /2010 19:43
http://pedagogie.ac-toulouse.fr/eco-pri-lacaugne/2004/image/grammaire.jpgJ'ai une vive admiration pour l'écriture d'Erik Orsenna, qui sait jouer avec une prose élégante et fine aussi bien qu'avec le verbe d'un conteur pour enfants.
Certains connaissent peut-être "La grammaire est une chanson douce", roman pour pré-adolescents qui narre l'incroyable aventure de deux enfants qui ont perdu leurs mots suite au choc d'un naufrage et se retrouvent "hébergés" sur l'île imaginaire des mots.
L'héroïne, Jeanne, ne manque pas de
curiosité et découvre la "Ville des mots" , au côté de Monsieur Henri avec  autant d' enthousiasme grandissant que de questionnements.

Un extrait, ici,  de Jeanne à l'hôpital des mots, au chevet d'une phrase http://livremania.unblog.fr/files/2009/08/9782253149101.jpgbien connue:
" Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t'aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu'elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t'aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pieds.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète "Je t'aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. "(Erik Orsenna)

http://aiguesmortes.free.fr/ileauxmots.jpgEnvie de parler d'une réalité qui me fait m'isoler de l'actualité politique par écoeurement .
Comment n'arrive-t-on pas à élire du personnel politique qui ne fasse pas sans cesse des roues de paon, caresse son porte-monnaie et  ses promotions, prêche pour des idées qu'il n'a pas?
Pour croire en ses idées, il faut les vivre au quotidien et ne pas vivre suspendu à ses taux de popularité.

On ne parle pas de partage et de socialisme si on séjourne dans le XVI ème et que l'on met ses enfants dans le privé, bref si l'on pratique l'égalité avec la mentalité de la noblesse sous  Louis XIV. On ne parle pas de capitalisme si l'on n'envisage pas de rémunérer et que l'on freine des quatre pieds à toute liberté d'échanges économiques. PAS DE LIBERALISME sans PLURALITE. On ne disserte pas sur l'identité nationale si l'on rêve de comptes en Suisse et de vacances ailleurs, si l'on se contente de hisser le drapeau et de traumatiser les badauds avec des épouvantails. On ne parle pas d'immigration si l'on se contente de serrer trois mains et demies un samedi par trimestre et bien arrosé de caméras-témoins. On ne parle pas d'éducation, de santé si l'on n'a jamais posé ses fesses sur une chaire, si l'on a jamais piqué un patient et soutenu jusqu'au dernier souffle des êtres grabataires. Seulement, en France, quand on a le privilège d'entrer au panthéon des "politiques", on peut TOUT faire....à croire que les hommes politiques sont des super-héros!

Aujourd'hui, les débats politiques sont récurremment pitoyables: ils cherchent à faire passer le temps. On met sur un plateau deux gladiateurs et on les laisse se balancer quelques injures de goût au visage. On assaisonne le tout d'un journaliste punching-ball, d'un public réactif mais pas trop (  Jamais personne pour aller ternir le fond de teint de MLP....) et de fausses questions sans  vraies réponses.
Intérêt? AUCUN. Gaspillage d'encre et de papier le lendemain.
Ecologie: -1. Egologie: +1
On a juste perdu l'occasion de regarder un bon film sur une autre chaîne.


Je ne crois pas en l'Homme Politique. Tant que l'on s'obstinera à mélanger luxe (ure?) et pouvoir, rien de bon ne pourra se créer.
Selon moi, on est efficace et créatif que dans le besoin. C'est l'Histoire qui lecarte_gram.gif dit. Certes, n'allons pas jusqu'à souhaiter d'affamer  nos têtes dirigeantes  ( ni son peuple d'ailleurs, sauf pour les amateurs de révolution) ,  mais un peu de restriction dans les salaires ne ferait pas de mal et ôterait les compromissions permanentes et  l'arrivisme pour garder ses privilèges  longtemps.
 Un exemple pratique?  Le comédien qui crève de faim sur le tréteau a plus d'énergie et de volonté que celui qui est choyé et nourri.  Ben oui! Il veut qu'on le regarde et que les pièces tombent dans son godet! Regardez donc les caricatures des bourgeois dans les siècles précédents...rien n'a changé!  La bedaine pleine, on se force moins à réfléchir et l'on pense surtout à ses intérêts. C'est intrinsèquement humain.

J'ai besoin d'avoir foi en quelqu'un, de reconnaître son authenticité pour  en accepter sa justice. Pour être crédible, il faut appliquer à soi les règles que l'on met en place: tout professeur sait cela. Sur un chantier, le maître respecte les consignes de sécurité autant que ses ouvriers....c'est une question de vie ou de mort. Pourquoi est-ce différent en politique? Pourquoi tolérerait-on le "faîtes ce que je dis, pas ce que je fais?"?
Il faudrait que nos dirigeants réalisent ce truïsme: on ne peut pas respecter une autorité qui triche.

Bref, beaucoup de bavardages pour expliquer pourquoi j'en suis venue à écrire le texte ci-dessous....


Ah...si les mots pouvaient parler....


http://cyreal.free.fr/spip/local/cache-vignettes/L150xH223/grammaire-chanson-douce-a02cb.jpg-Monsieur Henri, qui sont ces mots bouillonnants devant la mairie?
- Ce sont les mots "Droite" et "Gauche", Jeanne. Ils se disputent avec le maire parce qu'il ne veut pas faire aboutir leur requête.
- Quelle est cette requête?
- Ils veulent être éradiqués du dictionnaire.
- Pourquoi? répondit Jeanne étonnée, vous disiez qu'ici, justement, sur l'île des mots, on essaie d'empêcher que les mots ne disparaissent...
- Ces mots-là sont exaspérés: ils ne supportent plus l'utilisation que l'on fait d'eux. Au départ, c'étaient des cartésiens, ils indiquaient des directions, donnaient du sens à l'individu qui les employait. Depuis de nombreuses années maintenant, la politique les a adoptés et on les utilise à tort et à travers." Droite" a l'impression d'être "Gauche" et "Gauche" "Droite". Ils ont perdu leur sens.
- Pourquoi les hommes n'utiliseraient pas d'autres mots à leur place?
- C'est ce qu'ils ont proposé au départ. Les  "solitaires", les "collectifs", les "râleurs", les "conservateurs", les "progressistes", les "tire-aux-flancs", les "idéalistes", les "partageurs", les "arrivistes", les "pragmatiques", les "égoïstes" semblaient être les candidats idéaux. Mais les hommes ont refusé...
- Pourquoi?
- Pour des raisons d'étiquette et de politesse. Or les mots, Jeanne, ne supportent pas bien les sous-entendus. "Droite" et "Gauche" en sont minés.
- Qu'est-ce qu'un sous-entendu?
- C'est dire un mot pour en faire comprendre un autre. Les hommes sont hypocrites, Jeanne.
- Qu'est-ce qu'un hypocrite?
- C'est un mot d'origine grecque qui désignait, au départ, le comédien.
-Les hommes sont des comédiens?
- Oui, surtout les hommes politiques, ils jouent des farces.

Jeanne ne comprenait pas tout à fait pourquoi "Gauche" et "Droite" faisaient tant d'histoires. Après tout, ils avaient du succès...elle regarda encore une fois ces drôles de mots qui vitupéraient et remarqua soudain une procession qui venait à leur rencontre.

-Vois-tu ce convoi de deuil, Jeanne? soupira Monsieur Henri . Aujourd'hui, les adjectifs pleurent. Un de leurs sages s'est suicidé.
-Un adjectif s'est suicidé?
-Oui, l'adjectif "tolérant". Après de longs mois de dépression et de névrose. Il n'arrivait plus à trouver un lien réel et valable avec un nom. Alors il a préféré s'éteindre.
- C'est quoi, être tolérant?
- C'est accepter de ne pas être d'accord avec l'autre.
- Simplement ça! En quoi est-ce difficile?
- Ne te disputes-tu jamais avec ton frère Thomas?
- Si...mais c'est juste parce que les garçons, c'est bête.
Où vont les mots qui se suicident, Monsieur Henri?
-Je ne sais pas, Jeanne. Sans doute au paradis des mots.
- Un mot ne peut pas mourir! Il suffit de le prononcer! Tolérant! Tolérant! cria Jeanne par défi.
- Si..d'abord, on le maltraite en l' utilisant mal et un jour, les hommes ne l'entendent plus quand il est prononcé car ils savent qu'il est un mensonge. Alors on le fait disparaître au fond d'un vieux  dictionnaire...et on l'oublie...
- C'est triste tout ça Monsieur Henri.
-Rentrons, Jeanne. Les mots vont de mal en pis et j'en demeure à chaque visite un peu plus malade.....






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