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21 septembre 2009 1 21 /09 /septembre /2009 11:54
L’éternité, c’est ce qui est en dehors du temps. Un petit exemple pratique pour intégrer… ou deux même.
  -    « Quoi ?chérie ? C’est déjà ton anniversaire ? »
ou
-    « Mais tu as fait la vaisselle… j’étais sur le point de m’y mettre ! »
  Pour Sartre et les existentialistes, la temporalité est constitutive de la nature humaine :
-    le fait que nous soyons des « êtres-pour-la-mort », c’est à dire des êtres limités en durée
-     notre difficulté à saisir qui nous sommes puisque nous sommes en éternel changement, pris dans un temps qui ne cesse de passer.
( Et toc, pour le rencard de ce soir, vous allez pouvoir frimer avec quelques notions philos... merci Miss Décalée!)
  Savoir que l’on existe, c’est avoir conscience du temps et que l’on est condamné à la finitude. D’où les angoisses liées au temps.
L’homme aimerait pouvoir conjurer ou annuler les effets du temps irréversible. Le temps nous croque, aspire notre vitalité minute après minute et les mortels que nous sommes regardent le temps glisser dans le sablier avec des regrets pleins les poches.
Pourtant, lorsque l’on se détache des sphères hautement philosophiques et que l’on s’attelle à des considérations terre à terre, il semble vite que le sexe dit fort , doté sans doute d’un ego disproportionné et d’une estime de soi nourri à la louange maternelle ( «  mon fils adoré, tu es invincible, le meilleur, rien ne t’arrivera jamais, je suis là…) ait une conscience de sa temporalité qui déraille.
  Et c’est aussi parce que la nature est mal faite : l’homme peut procréer jusqu’à sa mort…et tant qu’il a la virilité du pénis qui tienne. Aussi sa prise de conscience de son temps imparti sur terre éclôt bien plus tard que celle de la future ménopausée. D’où les incompréhensions, les disputes et les conneries du genre «  les femmes viennent de Vénus et les hommes de Mars ». Sornettes! nous sortons tous d’un utérus, seulement nos rapports avec celui-ci varient suivant la couleur de notre layette. Si je suis rose, on va vite me faire comprendre qu’il faut que je me bouge les fesses, que je me case et que les vieilles filles ne font pas de vieux os et désespèrent leurs géniteurs. Si je suis bleu, on me dit de rester autant que je veux dans les jupes de maman et on me chouchoute parce que mon appendice viril est une bénédiction familiale.
Aussi cette fatalité de l’horloge biologique, clairon irrépressible qui touche la plupart des femmes est une injustice aussi bien biologique que socio-culturelle. Et même si aujourd'hui on peut accoucher à soixante ans ( scandaleuse dérive du progrès médical), les mentalités restent.
Histoire de me faire mousser un rien et en taisant ma pré-ruade sur google , je  vais jouer la savante un instant : l’horloge biologique désigne, au départ, le cycle éveil-sommeil de la plupart des espèces vivantes : sous la dépendance de l’alternance jour-nuit, notre horloge biologique située dans l’hypothalamus synchronise notre organisme grâce à l’information lumineuse recueillie par la rétine. Pourtant, en 2009, lorsqu’horloge biologique s’immisce dans une conversation, elle désigne la plupart du temps le réveil tonitruant du désir d’enfant chez la gent féminine.
- Parce que les femmes sont des emmerdeuses et qu'elles monopolisent les sujets de conversation, répliqueront nombre d'hommes.
  La dérive sémantique  de cette expression est  une injustice de plus que supporte le sexe féminin  qu'on affuble d'une image gnagnanteuse et primaire.
"C'est chiant les filles, ça cherche à vous rappeler que vous vieillissez, ça assume  d'aller à l'hôpital, ça vous admoneste d'aller voir Mamie Azheimer à la maison de retraite et ça cherche à bousiller vos nuits et vos narines d'acouphènes babillards et escrémenteux".

Cette expression " horloge biologique" révèle surtout la situation cacochyme des rapports homme/femme dans un siècle où l’espérance de vie augmente ( si l’on met sous silence les séismes politiques étrangers, les porcs enrhumés, la pollution zélée, le stress cancérigène) , où les désirs naturels ont fait place à la priorité aux plaisirs factices et égoïstes ( si on a un gosse, on ne pourra plus sortir tous les soirs !!! ahhhh !),  où la contingence a détrôné la nécessité. Ben oui, aujourd’hui on est fier de revendiquer qu’on n’est plus des bêtes, qu’on est libres de tout ( penser, mépriser haut et fort, tromper son conjoint et le clamer à tout va..quel progrès !)….et comme l’immaturité est monnaie courante de 30 à 40 ans, on refuse de procréer pour éviter d’avoir à devenir responsable.
Pourtant, les réticents devraient souffler un peu : en 2009, ce n’est pas parce que l’on pond une tripotée de mouflets qu’on doit se sentir des obligations et des devoirs. Non ! Réjouissons-nous ! De nos jours, le droit à être heureux et à vivre pleinement est un alibi accepté pour négligence patente de l’éducation des mômes.Après cette digression dont la chroniqueuse s’excuse platement et revient à ses ovaires…aux siens pour l’exemple, au vert pour l’instant.
  A l’approche des 30 ans, des signes caractéristiques de mal-être bourgeonnent chez  les  femmes sans enfant. Tic tac, le temps poursuit son cours sinistre et les mois sont comptés avant que LA FAUCHEUSE DE FEMINITE, la terrible Ménopause, coupent l’espoir d’être maman. L’angoisse prompte à s’établir met péril en la demeure et psychologiquement, la femme se surprend à adopter des comportements amoureux antithétiques à ses habitudes anciennes. Aussi la « casée », la moins en danger semble—t-il, devient insistante et capricieuse, ou distante et dépressive devant son âme sœur aux objectifs futurs peu portés alors sur la paternité . Tandis que la célibataire se noie dans des bras débiles ( dans toutes ses acceptions sémantiques, l’abruti (le macho, l’égoïste, le don juan) et le fragile étant  aussi peu inaptes l’un et l’autre à combler ses désirs) , se contraint à des solutions sages, cherche une corde ou une dague pour quand sonnera le glas hormonal et que l’utérus sera resté vide.   Alors quoi ? Cette horloge biologique, prétexte à du chantage féminin et des escapades masculines, est encore un méfait du temps et de ses conséquences.  
En même temps, l'espiègle Cupidon et le Titan Chronos ne semblent pas faits pour être compatibles. Un peu trop  de douceur pour un monde de brutes...
  La météo des amours n'est ensoleillée qu'un temps: après on arrondit le dos, les angles et on rêve comme Alexandre Eiffel (Le petit sauvage d'Alexandre Jardin, un classique à lire absolument) à des reconversions, projets à 99 pour 100 avortés par notre lâcheté humaine génitale. Une scintigraphie des coeurs malmenés par le temps montrerait comment le temps pourrit même ce dont l'homme dispose de plus précieux. L'amour n'échappe pas aux affres du  temps et la passion se décolore sous l'emprise de l'enchaînement des matins. Roméo et Juliette ont eu la chance de n'avoir que quelques heures à babiller ensemble et Pénélope était une idiote d'un autre temps.
Le temps de dire ouf on ne s'aime plus, on divorce, on devient machiavélique et manipulateur des angelots que l'on a engendrés avec cette moitié que l'on déteste tant maintenant. Alors oui, on reste admiratif devant les vieilles mains des couples qui déambulent cahin-caha sur la trottoir usé, on soupire en lisant Longtemps d'Erik Orsenna et parce qu'il y a eu l'amphore de Pandore, on garde ESPOIR qu'à nous, tout ce déglinguage du couple n'arrive pas. On essaie de se persuader qu'on est des super héros de l'Amour et on sait déjà qu'on a tout faux.
Pourtant, en lisant ces quelques lignes de  L'amour fou d'André Breton, on pourrait réaliser que nous nous asservissons volontairement au temps. Que la fatalité en amour, son immobilité, sa désespérance ne sont peut-être que des entraves disposées par notre esprit frileux sur notre route. Selon Breton, l'amour est toujours devant nous et chacun y a droit parce qu'il est chose humaine.
"Les hommes désespèrent stupidement de l'amour - j'en ai désespéré - ils vivent asservis à cette idée que l'amour est toujours derrière eux, jamais devant eux : les siècles passés, le mensonge de l'oubli à vingt ans. Ils supportent, ils s'aguerrissent à admettre surtout que l'amour ne soit pas pour eux, avec son cortège de clartés, ce regard sur le monde qui est fait de tous les yeux de devins."
 
Alors restons vigilants et montrons les dents au temps assassin...il osera pointer le bout de son nez moins vite.

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