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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 14:33

Annie.jpgPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr/ Annie Owens vit à Richmond en Californie. Sa dernière série de travaux picturaux, intitulée "Motherland" , est née du besoin de renouer avec ses racines ; on y croise des êtres filiformes, à la chevelure souvent ébouriffée et sauvage , à la mine boudeuse, qui gravitent au sein d'une nature étrange. Un trait féminin saillant et sensible à découvrir….
Le site d'Annie Owens: www.ouchclub.com

 

Si vous deviez citer une phrase restée dans l'histoire de la littérature ou de la peinture qui vous définirait, laquelle serait-ce?
“The wise are silent, the foolish speak...” ( Les sages se taisent, les idiots parlent..) Algernon Blackwood


Si vous ne deviez emporter qu'un seul livre sur une île déserte , lequel serait-ce?
Le dictionnaire pour revoir mon vocabulaire.


Et d'ailleurs, si cela devait vous arriver et que vous anticipiez, emporteriez-vous en priorité vos pinceaux?
Hum…. pour les fournitures artistiques, je prendrai des crayons en priorité, des pinceaux en second.


Motherland, votre dernière série de travaux, est inspirée par vos racines…d'où êtes-vous originaire, Annie?
Oui, Motherland s'inspire de mon passé. Ma mère est décédée il y a deux ans. Entre autres choses, cela m'a fait réfléchir davantage à l'endroit d'où je venais. Ma mère était originaire des Philippines, mon père de l'Alabama aux USA. Je suis née à Birmingham en Alabama et ai passé les trois premières années de ma vie aux Philippines. Il est difficile pour moi de dire d'où je viens parce que depuis que je suis gamine j'ai vécu aux US et que la Californie est ma maison.


Un dessin évoque une tante…comment avez-vous imaginé ce portrait?fishbowl.jpg
C'est le portrait de ma super tante May du côté de mon père. Dans le sud, et au moins dans ma famille dans les années 60, tout le monde utilisait du tabac à chiquer. Tante May portait des robes fleuries, était incroyablement gentille avec moi et chiquait du tabac. Les femmes de ma famille, des deux côtés, sont rugueuses, laborieuses et élégantes en même temps. Dans mon souvenir, la chevelure de Tante May était énorme mais elle ne l'était pas en réalité. Pour moi, depuis que je suis enfant, elle a toujours été vieille mais cette peinture l'imagine quand elle était jeune femme.

 

Quand avez-vous commencé à dessiner?
Très tôt, j'avais 4 ans. Je ne sais pas si ça compte. J'étais obsédée par les champignons et les chaussettes.


Dans vos silhouettes et physionomies  singulières et vos tons noir et blanc, il y a une influence burtonnienne, non?
La simplicité et la sérénité de la photographie en noir et blanc, vieille ou imparfaite, influence beaucoup l'aspect de mon travail. Une palette de couleurs sobre et limitée a un sens plus intemporel pour moi et c'est pour cela que je penche vers cela. Je veux travailler en couleur. J'adore quand d'autres le font. Mais quand j'essaie, cela ne me satisfait pas. J'étais autrefois influencée par Tim Burton mais j'ai dépassé ce stade aujourd'hui, je le sens. Mes maisons portent un saveur "burtonesque " que je suis heureuse d'admettre mais elles signifient beaucoup plus et sont inspirées d'autres choses en dehors de mon influence précoce par Tim Burton.


Et quels autres artistes influencent votre pinceau?
J'aime le travail photographique de Sally Mann. Même si mon béguin pour l'art a commencé avec Edward Gorey et Charles Addams quand j'étais gosse et que je pense que leurs sensibilités saignent toujours dans mon travail. J'admire Floria Sigismoni et son sens visuel. J'adore le travail de Joel-Peter Witkin, celui du photographe Eugène Aetget du début du siècle, celui de la photographe Loretta Lux. Je suis accro depuis 1999 à la photographie qui se concentre sur les lieux abandonnés. C'est populaire maintenant mais ne l'a pas toujours été. Cela semble banal mais je suis attirée par la décadence progressive des lieux à l'abandon.

 

Beaucoup  de femmes dans vos travaux, pourquoi?parce qu'elles sont des sortes de double de vous?
Beaucoup d'artistes - hommes et femmes- peignent davantage les femmes que les hommes  sans qu'il y ait un message spécifique qui veuille être transmis. Il en a été ainsi depuis le début des temps. Tant et si bien que c'est plus curieux  quand on voit des figures masculines dans les tableaux.  La forme humaine est plus communément peinte avec le visage d'une femme- pas toujours mais la plupart du temps. Dans mon travail, je devine que c'est parce que je raconte: " je suis une femme, il y a des femmes. J'étais une fille, ce sont parfois des filles…" Je ne sais pas….


Le thème de la gémellité aussi…?
C'est le sentiment d'être le même et différent à la fois. Par exemple, dans "Fishbowl", seulement une des filles semble être consciente et prudente, l'autre est simple et ignorante. Dans "Vultures", l'une saisit l'aile d'un oiseau mort pendant que l'autre semble inquiète - elle est la suiveuse, l'autre est la leadeuse. Je suis sûre que tout cela n'est pas évident pour tout le monde mais c'est ce que je vois.


Vous avez décliné un autre thème également : une maison qui se nomme tantôt " Mother of sights"( Soupirs), " Mother of tears"(Larmes), "Mothers of sorrow"( Ombres)…pouvez-vous nous expliquer la signification de celles-ci?
Je suis un peu obsédée par les maisons. La maison est une représentation de moi-même ou de ma maison. C'est aussi une métaphore de la mère. Une figure iconique. Les trois tableaux représentent trois maisons différentes - trois mères différentes: " Mother of Tears", "Mothers of Sighs" et "Mother of Shadows". Ils constituent une série que j'ai appelée "Dear Dario". Un hommage à la trilogie des films de Dario Argento : Suspiria, Inferno et Mother od Tears, qui représentent aussi vaguement les Trois Mères  comme les Trois Grâces ou les Trois Sorcières. Ceci est très nettement lié à mon obsession des maisons.

 

Quels supports,matières et outils utilisez-vous pour faire vos toiles?
Crayon, Scanner, Light Box, du papier aquarelle épais, vaporisateur, pinceaux, aquarelle et encre….et beaucoup d'eau!


Une visite en France prévue?
J'aimerais avoir l’occasion de venir en France un jour…

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 21:57

bouchard.jpgPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr/ André Bouchard est dessinateur de presse pour le Point et auteur jeunesse. Il a notamment illustré La mensongité galopante et les albums de Vincent Malone et a imaginé en solo Beurk! et  Les lions ne mangent pas de croquettes. Ce dernier album, paru en septembre 2012, est plein d'humour et propre à séduire enfants et parents. Il y est question d'une petite fille, Clémence, qui, obéissant à ses parents qui ont déclaré " Pas de chien, ni de chat!", ramène un lion à la maison. Et c'est fou ce que la présence d'un lion dans une ville peut bouleverser positivement les gens : ils font de l'exercice, cèdent volontiers leur place dans le bus  et cessent d'être inquiets pour un oui ou un pour un non! Un livre à dévorer assurément dont voici quelques secrets délivrés par l'auteur lui-même.

 

Cette histoire de lion anthropophage, c'est d'abord un pied de nez à notre anthropocentrisme?
Oui, c'est exactement ça. Nous sommes aussi gloutons que le lion de l'histoire! Le lion voit les humains à sa façon. Nous ne sommes qu'un garde-manger pour lui. Comme lui, nous n'écrasons aucune larme sur les animaux morts qui se trouvent dans notre assiette. On ne s'offusque pas de manger l'enfant de la vache, qu'on donne à nos enfants de surcroît!
Quant au vrai lion, qui est un noble prédateur, il tue pour manger à sa faim et ne fait pas de stocks de gazelles et de zèbres dans son congélateur. Nos enfants chéris, choyés, adorés, gâtés, les voilà devenus des victuailles pour lion! Voilà pourquoi tant de cruauté stoïque chez le lion de Clémence. Les humains ne sont-ils pas de joviaux mangeurs de viandes eux aussi! C'est le bon retour des choses. Notre amour-propre en prend un sacré coup, certes, mais le rire de surprise nous laisse de bonne humeur. Eh oui, nous ne sommes pas seuls sur terre! Et par extension nous ne sommes pas seuls dans la société des hommes, unique responsable du pillage et du vandalisme de la terre.


Vous utilisez le trait à l'encre noire rehaussé de couleurs  pour dessiner les scènes avec ce lion cocasse: quels sont les avantages de cette technique pour vous? Est-ce un héritage de votre travail dans le milieu publicitaire où l'on dessine sur le pouce des croquis avec le premier stylo à portée de main?
Puisque vous tenez à ce que j'évoque la pub, sachez que je dessinais et que j'écrivais bien avant d'entrer dans ce milieu. Je pense que ce qui caractérise la publicité c'est son inculture et sa capacité à faire l'éponge. Je veux dire par là que la pub est le reflet de la culture desBOUCHARD-BEURK-couv.jpg employés qui y travaillent, c'est-à-dire de ceux qui ont les idées. Si ces derniers ont des idées moyennes, la pub ne leur apportera rien de plus. Bien que cet univers fascine comme certains sont fascinés par la lecture de "Voici" ou de Gala", je pense plutôt avoir apporté un héritage à ce milieu (comme pas mal de créatifs de ma génération) par ma culture de l'histoire de l'art, du cinéma, de la littérature et aussi, bien entendu, du dessin et du croquis… Cependant en travaillant pour ce milieu, j'ai appris qu'il fallait avoir une bonne idée pour la défendre et qu'il fallait s'acharner à trouver une nouvelle idée aussi bonne quand la première n'avait pas  convaincu ces messieurs en cravates. Accepter les critiques, ne jamais se décourager voilà la devise du créatif de pub. Étonnamment, la pub fut pour moi une école d'humilité.

 

On pense au trait mordant et tendre de Sempé dans les dessins de cet album… une comparaison qui vous étonne, vous agace ou vous séduit?
Ça me séduit énormément! Je me permets toutefois de noter dans votre question, qu'il y aurait un doute pour un dessinateur à ne pas être séduit par une filiation à l'immense Sempé! Cela viendrait-il d'un jeunisme ambiant franco-français qui est souvent celui des publicitaires? Les anglo-saxons respectent leurs aînés, ils ont également un nombre considérable de dessinateurs qui se servent de leurs plumes pour exprimer leur humour délicat et spirituel. Il suffit de connaître les dessinateurs du New-Yorker, pour se faire une idée (Sempé est l'un d'eux d'ailleurs).

 

Quelle est l'Histoire de votre dessin narratif?  Comment dessiner un livre pour enfants?
Quand on cherche à marquer une séparation avec la mièvrerie, le bonbon, le rose des mauvais livres pour enfants, l'image peut-être un témoin avertisseur. " Vous avez la garantie que ce livre ne sera pas débilitant pour vous comme pour votre enfant!" Voilà ce que doit chercher à dire le dessin depuis les étalages des librairies. Voyez ce trait ce trait de plume enlevé et peu soigné à la fois. Voyez ces couleurs qui osent le blafard et qui ne cherchent pas à faire "joli"à tout prix. Voyez comme le pinceau déborde du trait de plume, ce cerné baveux et maladroit. Décidément ce dessin d'adulte n'est pas sérieux. C'est un dessin d'enfant: maladroit mais gai,brutal mais vivant, moche mais fort. Ce n'est pas une simple esquisse, ce n'est pas un geste zen, ou plus exactement c'est du dessin zen effectué par un maître clown. Tout cela est irrévérencieux et c'est le but que l'auteur cherche à atteindre. C'est avec ce souci (de mal faire) que j'ai dessiné mes premiers livres pour enfants.
croquettes.jpgPlus tard ce trait ne me sembla plus correspondre à l'univers merveilleux de mes contes. Il me semblait, à force d'être irrévérencieux, glisser vers une sorte de vulgarité. Un vulgarité joviale certes, mais une certaine vulgarité tout de même (dans le dessin de Reiser il y a de ça, le propos va si bien avec le dessin exceptionnellement puissant!). En deux mots je ne voulais pas qu'on puisse penser que je sois capable de ne m' adresser aux gens que de façon crue. En me souvenant de mes lectures d'enfance, j'essayais de comprendre ce qui me plaisait tant.  Dans les gravures de Riou et des autres illustrateurs des romans de Jules Vernes. La gravure semblait être la continuité du texte. Ces lignes tracées par le burin du graveur continuaient harmonieusement les lignes du texte imprimé. On continuait à lire en regardant les images. La gravure était la continuité "imagée" du texte, cette homogénéité me plaisait. Je me suis donc, mis à travailler sur cette technique qui rapproche si bien le texte à l'image.
Le dessinateur narratif n'est pas du tout préoccupé par les mêmes objectifs que ceux du peintre. Le peintre cherchera à faire passer ce qu'il y a de beau dans une corbeille de fruit ou un paysage. Et pour le prouver, le peintre le traitera avec autant d'égards que s'il s'agissait d'un portrait royal. C'est le cas de Chardin. Le dessinateur narratif va devoir représenter ce même motif en fonction de son rôle narratif dans l'ensemble des éléments (j'allais dire intervenants ou acteurs) du dessin. Le dessinateur narratif est plus proche de l'art de la comédie, du théâtre, que le peintre. Il doit être comédien lui-même pour transmettre les sentiments de ses personnages. Il doit être metteur en scène pour que l'action soit bien campée et clairement exprimée. Il doit être aussi décorateur accessoiriste et costumier. Comme au théâtre; il n' y a pas de profondeur dans mes dessins. Il y a la scène et le décor peint. Le décor est simplifié, par des procédés de réduction d'échelle par rapport aux personnages. Il est évoqué, symbolisé, les fautes de perspectives sont voulues. Je pense aussi au Douanier Rousseau dans mes références. Lui, peignait des personnages immenses dans des décors parisiens qui restituait si magistralement le merveilleux /quotidien de mon univers. Ce peintre "naïf" nous renvoie à l'art médiéval qui utilise les mêmes procédés de représentation. Les personnages dans l'espace font fi de toute vraisemblance réaliste quant à la perspective elle n'était pas nécessaire et ce n'était pas le souci de l'époque, on n'essayait pas de faire du trompe l'œil. Un personnage était plus grand que son château et si ce personnage mangeait il fallait qu'on voit de quoi était fait son repas, l'artiste penchait alors la table vers le spectateur défiant ainsi les lois de la perspective et risquant de renverser les plats sur le spectateur en défiant également la loi de l'attraction terrestre. Voilà la réflexion qui m'a conduite à changer de dessin. Un dessin qui sert davantage la narration, plus méticuleux, plus riche en détails et assez bizarrement moins réaliste que le précédent. Rejet volontaire de représentation réaliste, d'effets de trompe l'œil et d'effet tout court, de règle de perspectives de profondeur des plans etc. Pour un dessin narratif, naïf, subtil et poétique. Un dessin qui semble ignorer les découvertes de la renaissance. Un univers d'avant les lumières, un univers du temps des contes et des conteurs, mais qui nous parleraient du 21ème siècle.

 

Adopter un lion, c'est un fantasme de petit garçon?lion.jpg
Qui n'a pas rêvé enfant, vivre près d'animaux sauvages? À la façon d'un Mowgli ou d'un Tarzan. Quelle fusion entre l'enfant et l'animal! N'oublions pas celle du "Lion" de Joseph Kessel entre une petite fille et le redoutable animal. Quel sentiment de puissance et quelle extraordinaire expérience d'amitié un enfant éprouve à posséder un animal de compagnie surtout quand ce dernier est le redoutable lion! Quel plaisir de voir ces adultes qui dominent les enfants de leur taille et de leur pouvoir autoritaire, s'enfuir à toutes jambes devant ce copain affamé? Si fiers, si forts, si réalistes, si sûrs d'eux, les voilà comme de petits enfants effrayés devant le lion.  Quelle belle leçon! L'enfant domine l'adulte par son lion redoutable et jovialement affamé!  Le lion comme animal de compagnie, c'est le sauveur du joug familial!


Dans Beurk et dans Les lions ne mangent pas de croquettes, on trouve un effet de chute… un réflexe là - aussi d'ancien publiciste?
C'est une exigence de conteur, surtout quand il s'agit de s'adresser à un public aussi exigeant que celui des enfants.
En tant que public, l'enfant possède une grande vertu: il n'accepte pas de s'ennuyer. Écrire pour les enfants, c'est une école de rigueur. Laisser s'exprimer l'imaginaire tout en le contenant, respecter les lois qui font une bonne histoire: la tension dramatique, la composition, l'humour, la présence des personnages, l'évolution de leurs rapports. Cela veut dire ne jamais laisser retomber l'intérêt.  Ce sont les règles du feuilletoniste que j'intègre: il faut qu'il se passe quelque chose à chaque page.


L'absurde est un indispensable de vos histoires?
La principale caractéristique commune à la plupart de mes ouvrages, c’est une prédilection pour « le merveilleux ou le fantastique quotidien » ou encore " le mélange du réalisme avec l'imaginaire, du fantastique avec le familier". Je puise mon inspiration dans la réalité vécue. Celle de l’enfant par exemple : son rapport aux parents, à la nourriture, à l’égoïsme, au mensonge, etc. C’est à partir de ces « faits-divers » que l’imagination  du conteur et du dessinateur peut entrer en action. J'aime aussi la confusion du réel et de l'imaginaire. Puisque de toute façon les deux se côtoient en permanence ils vivent comme chacun de nous d'ailleurs à la fois dans l'un et dans l'autre. Je ne suis pas de ceux qui diffusent doucement le fantastique dans le réel. Dès les premières lignes, l'incroyable apparaît le plus banalement qu'il soit, dans le quotidien.


Jouer avec les points de vue est consciemment un des ressorts de l'humour de vos albums?
C'est effectivement le ressort des deux albums que vous évoquez, mais c'est un hasard. J'ai écrit par ailleurs, quelques histoires racontées du point de vue d'un enfant, ce qui n'est pas un cas particulier dans le domaine du livre pour enfants. Il y a par contre un souci constant dans mon travail. Celui d'éviter la redondance entre l'image et le texte. Ne pas se tenir à une illustration de ce que dit le texte. Idéalement l'un et l'autre doivent être complémentaires. Comme pour un dessin d'humour légendé, c'est l'interaction de l'un par rapport à l'autre qui déclenche l'humour, ce qui disqualifie notre pénible étalon de l'humour français: le jeu de mots, qui, lui, fonctionne tout seul! Quant à l'humour, faire rire un enfant, c'est assez délicat (tout autant qu'un adulte d'ailleurs). Lorsqu'on fait des grimaces à un enfant, il peut en rire ou bien en avoir peur "au premier degré", dans ce cas, on cherche à le rassurer en lui disant : "c'est pour rire".  Le rire et le sourire permettent d'évoquer des choses horribles  ou simplement déplaisantes  sans vous terroriser. Un ogre qui mange les enfants c'est épouvantable, en rendant l'ogre ridicule, grotesque voire anodin, l'humour est une façon de dominer l'horreur qui émane de ce personnage. En rendant acceptable l'inacceptable, nous pouvons envisager le pire avec une certaine sérénité.


Beurk! est-il une façon d'inciter les enfants à ne pas se fier à la première apparence de la nourriture dans leur assiette? ou c'est juste une blague à partager en famille?
C'est le même sujet que j'ai abordé avec le lion. Un animal est mort pour nourrir un humain. Respectons la mort de cet animal en le mangeant en entier. Faire réfléchir les enfants à tout ceci voilà l'objectif.  J'ai pu observer un pêcheur en mer professionnel travailler. Les poissons pêchés suffoquent interminablement sur le pont du bateau avant de rendre l'âme ou sont évidés vivants. Les pinces des tourteaux sont arrachées et le reste rejeté à la mer quand le corps n'est pas assez "rempli". Mais bon, le gars fait son boulot avec le sentiment de le faire bien! Tous ces gestes sont faits sans cruauté.Peut-être un jour aurons-nous honte de ce que nous faisons subir aux animaux depuis tant de siècles et peut-être serons-nous jugés pour ça. Nous passerons tous par le "Tribunal des animaux".


Si vous deviez citer un livre qui vous a accompagné dans votre enfance?Lequel serait-ce?
Les contes du chat perché de Marcel Aymé.


Récapitulons : écrire et illustrer pour la jeunesse nécessitent: 1) une bonne connaissance de la cible?  2) un brin de fantaisie et de poésie? 3) une sacré dose d'humour? 4) un autre ingrédient secret? 5) un chouia de pédagogie?
J'écris pour moi-même en tant que public. C'est la meilleure façon de ne pas se tromper. Pour les contes, j'écris pour moi en tant qu'enfant. Je trouve préférable de ne pas connaître mon public, sinon je ne ferai que de la… Le monde des adultes est incontestablement plus riche et beaucoup plus varié que celui des enfants. Mais le monde des enfants est aussi celui de l'adulte. En conséquence, un livre pour enfants, quand il est vraiment bon, est aussi un bon livre pour adultes. Une petite morale est décelable dans chacun de mes contes, mais ce n’est pas mon souci majeur. Parfois, il peut y en avoir plusieurs, voire être antagonistes… le monde est complexe.


Vous travaillez également pour la presse... dans quel support peut-on découvrir, par exemple,  vos dessins?
Je dessine régulièrement pour le magazine "Le Point" à la cadence d'un dessin par quinzaine, dans la rubrique: "le dessin de la semaine". Les gens du "Point" sont absolument formidables pour moi. Ils me permettent de faire les dessins que j'aime faire sans me censurer. Je n'ai pas à coller à l'actualité ni à faire du dessin politique.  Je fais du dessin de société dans le sens large du terme. Cette liberté d'expression rejoint celle du "New-Yorker", qui revendique un humour spirituel et cultivé.  C'est aussi porter un autre regard sur le dessin d'humour.  Pourquoi devrait-il se "consommer" sur le pouce, à grand renfort de jeux de mots et d'obscénités qui n'élèvent pas beaucoup celui qui s'en sert ni celui qui en rit? J'aimerais qu'il soit admis de prendre le temps de s'arrêter devant un dessin d'humour. Prendre le temps de regarder et de sourire. Monsieur Sempé nous en montre si bien l'exemple.


Enfin, quand vos lecteurs auront-ils cette année l'occasion de vous rencontrer en chair et en os? au salon de Montreuil par exemple?
Le premier décembre au stand Seuil Jeunesse.

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 15:26

martijarrie.jpgPropos recueillis par Julie Cadilhac- Bscnews.fr / ©  Elie Jorand / Peintre et illustrateur, Martin Jarrie travaille pour la presse, la publicité et l'édition.   Il vit à Paris et a récemment exposé ses toiles et dessins lors d'une exposition à la galerie Jeanne Robillard. Cet évènement artistique ainsi que la parution prochaine de l'ouvrage Rêveurs de cartes aux Editions Gallimard Jeunesse nous ont donné envie de le soumettre à la question journalistique. Rencontre en mots et en graphie d'un artiste dont le trait est influencé par le surréalisme, l'art brut et l'art contemporain.


Votre pinceau a évolué du dessin documentaire voire hyperréaliste à une expression plus libre, plus picturale… qu'est-ce qui a déclenché cette évolution?
Alors que je réalisais des illustrations hyperréalistes , j'ai très vite souhaité aller vers une création plus personnelle. Ce fut un long cheminement ( 9 ans) aidé par un travail psychanalytique , une sorte de retour aux sources, à l'enfance. J'ai retrouvé le plaisir de l'imagination et du jeu dans le dessin et la peinture.


Avec quels matières et outils travaillez-vous?

Je peins à l'acrylique sur papier ou plus rarement sur toile. J'aime aussi beaucoup travailler à partir de "restes", des papiers maculés de peintures, utilisés pour étaler l'acrylique, des papiers kraft goudronnés, toutes sortes de papiers récupérés que je peins, coupe, colle. J'aime aussi beaucoup travailler avec le bois de cagettes de fruits que je découpe, colle et agrafe.


Surréalisme, primitifs italiens, art brut et art contemporain influencent votre pinceau: vous pratiquez donc la peinture automatique? vous cultivez l'avant-gardisme?
J'aime certains peintres et sculpteurs contemporains: Martin Assig, Eduardo Arroyo, Baselitz, Kiefer, Pincemin, Tony Cragg, Richard Deacon. Mon travail s'en nourrit comme il se nourrit de l'art brut, de Giotto et des surréalistes mais n'a rien à voir avec l'avant-garde. L'émotion ressentie devant certaines toiles mûrit lentement et peut réapparaître dans mon travail, digérée et réappropriée.


Vous travaillez pour l'édition mais aussi pour la presse et la publicité: en quoi ces deuxflamand.jpg derniers domaines sont-ils formateurs pour votre trait ? Forcent-ils votre imagination débordante d'artiste à une forme de rigueur? nécessitent-ils l'utilisation de certaines techniques etc…?
J'aime bien la contrainte d'une commande. C'est assez excitant de chercher et trouver des images en partant d'un texte , qu'il s'agisse d'un article pour la presse ou d'un texte pour un livre… Evoquer par l'image sans être trop illustratif.


Alain Serres a imaginé un livre de cuisine inspiré de vos peintures: quand vous dessinez une pastèque par exemple, par quelles étapes de création passez-vous?
J'ai peint depuis 1997 ( et même un peu avant) beaucoup de fruits et de légumes par plaisir et je continue à le faire. J'ai fait le tour des primeurs indiens, pakistanais, asiatiques, africains, antillais, dans mon quartier entre le passage Brady, Belleville, la rue du Faubourg St Denis et plus loin dans le 13ème arrondissement de Paris. C'est un grand plaisir de revenir à l'atelier avec un fruit ou un légume le matin et le peindre dans la journée. Un chou rouge coupé ,par exemple, où se mêlent abstraction et figuration, c'est magnifique! Alain Serres est venu dans mon atelier , il y a une dizaine d'années, et s'est aperçu que j'avais en stock des dizaines de peintures de fruits et légumes. C'est ainsi qu'est née " une cuisine grande comme un jardin".


Dessiner des fruits et légumes, c'est une façon de cultiver son jardin?
Peindre des fruits et des légumes, c'est sans doute une manière de cultiver la mémoire de mon enfance à la campagne avec des parents paysans et jardiniers.


Vos toiles mettent  souvent en scène des sujets réalistes dans un monde concret mais qui répond à des règles spatiales fort singulières:  vous aimez surprendre?
Je ne cherche pas à surprendre mais j'aime bien être surpris. C'est ce qui m'attire chez les artistes que j'ai cités plus haut. La représentation que je fais de l'espace est délibérée mais ne cherche pas à surprendre à tout prix. Il s'agit plutôt de la traduction de sensations intimes liées à ma propre expérience et imprégnées aussi par les oeuvres d'autres artistes.


reveur.jpgVous avez illustré Hyacinthe et Rose de François Morel….quels souvenirs de cette rencontre artistique?
Il ne s'agit pas de l'illustration d'un texte de François Morel en fait. J'ai d'abord réalisé 48 peintures de fleurs puis, avec l'éditrice, Valérie Cussaguet, nous avons cherché un auteur que mes peintures inspireraient. C'est une auteure des éditions Thierry Magnier, Véronique Lenormand, qui nous a suggéré de contacter François Morel qui est venu dans mon atelier. Valérie Cussaguet et moi lui avons dit que nous avions envie d'un texte qui évoque des souvenirs liés aux fleurs. François, quelques temps après, a commencé à envoyer ses premiers écrits et a tout de suite trouvé un ton très personnel en harmonie avec mes peintures. Hyacinthe et Rose est un très beau texte émouvant et drôle que François Morel joue maintenant sur scène de temps en temps accompagné d'un musicien; Antoine Sahler. Le "mariage" entre les peintures et le texte est, je trouve, très réussi et me donne envie de renouveler l'expérience…


Prochainement va paraître Rêveurs de Cartes chez Gallimard Giboulées, pouvez-vous nous parler de la genèse et de l'essence de ce projet éditorial?
C'et un projet que je porte depuis longtemps. Je pense que ça a commencé quand j'ai peint une série de corps imaginaires accompagnés d'un texte de Michel Chaillon. Le livre est paru en 1996 avec pour titre " Le colosse machinal". J'avais voulu traduire, en réalisant certaines peintures, le parallèle entre le corps et la géographie des lieux où j'ai vécu enfant. C'est très explicite dans la dernière carte du livre " la plaine d'Anamnèze" où j'ai fait broder des noms de lieux liés à l'enfance, aux origines familiales. Par ailleurs, il y a l'amour des cartes anciennes ou modernes, la représentation abstraite, très séduisante plastiquement , de lieux très concrets. J'ai aimé l'idée de faire se cotiser dans un même livre images abstraites ( cartes) et images figuratives ( personnages, scènes, paysages). Je me suis donné ce défi, cette contrainte quasi oulipienne d'inventer des lieux ,de leur trouver des noms et une histoire ( très succincte) .


Enfin, si vous deviez citer une oeuvre picturale majeure qui vous séduit particulièrement , laquelle serait-ce?et pourquoi?
J'ai été très marqué dans ma jeunesse par la reproduction dans un livre d'art d'une peinture de Goya intitulée " portrait de Manuelsorio". Il y a quelque chose de doux et d'inquiétant dans le portrait de cet enfant , tout habillé de rouge, tenant au bout d'une ficelle un merle, entouré de deux chats inquiétants et d'une cage à oiseaux. Cette peinture ne laisse pas de me surprendre et je ne saurais dire pourquoi.


Exposition des travaux de Martin Jarrie :

- Du 13 octobre au 3 novembre 2012 à la Galerie Jeanne Robillard , 26 rue de la Folie Regnault  75011 Paris ,  www.jeannerobillard.com


- Du 15 novembre 2012 au 12 janvier 2013:  "Portraits" au Centre Culturel du Forum à Saint Gratien ( 95210)

Le site de Martin Jarrie

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 13:40

clement.jpgPropos recueillis par Julie Cadilhac - Bscnews.fr / visuels C.L - Editions Soleil/ Tout petit déjà, Clément Lefèvre avait-il une imagination aussi luxuriante de détails et de couleurs? Voyait-il le monde et les êtres d'une façon aussi singulière que celle qu'il dessine avec son pinceau? Illustrateur de plusieurs albums jeunesse, il s'est associé pour Susine et le Dorméveil, publié dans la Collection Métamorphoses des Editions soleil, à l'auteur italien Bruno Enna et le mariage de leurs fantaisies respectives est tout à fait charmant! Ils ont imaginé un diptyque dont le premier tome seulement est disponible pour l'instant en librairie. Il était une fois Susine, une petite fille rêveuse qui écoute passionnément les histoires de sa grand-mère. Un jour de grand chagrin, elle découvre l'un des deux mondes du Dorméveil, Le Monde D'Avant. Elle y croise notamment de nombreuses créatures fantastiques, une reine râleuse et excentrique et un train qui roule sur une mer étrange , "gigantesque pagaille oscillante d'algues vives et fluorescentes". Un récit plein d'aventures et de surprises poétiques! Comment accéder au Monde d'Avant, demandez -vous? ?C'est simple! Il faut se constituer un Couvre-pomme avec une plume de pigeon et un tube fait de trois rouleaux de papier hygiénique, pleurer fort ( ou pas!), fermer la porte de sa chambre et appuyer le tube du Couvre-Pomme contre l'écran éteint de la télévision...il suffit d'y croire et ça marche! Parole d'honneur!


Vous rappelez-vous d'une anecdote liée au jour où l'histoire de Susine et le DorméveilCapture-d-ecran-2012-10-11-a-13.39.08.png est entrée dans votre vie?
La plus importante, je crois, est sans doute ce que j'ai ressenti lors de la première lecture de l'histoire complète et traduite. Je me souviens qu'il faisait un temps de cochon, que l'air était glacial et que je m'étais réfugié sous une couette bien douillette à l'abri des bruits de la maison. C'était vraiment un moment excitant et j'étais tellement emballé par ce que je lisais que je ne pouvais m'empêcher de saisir dans l'instant, et dans la marge des feuillets, les images qui me passaient par la tête. Certaines sont d'ailleurs restées et font maintenant partie du livre.


Pour quelles raisons et dans quelles circonstances avez-vous eu l'occasion de travailler ensemble?
C'est grâce à Barbara Canepa. Je ne connaissais Bruno, ou plutôt son travail, que par "Cœur de papier" son premier livre dans la collection Métamorphose. C'est une bande dessinée que j'avais beaucoup appréciée, mais je ne pensais pas travailler un jour avec lui. Lorsque j'ai rencontré Barbara pour la première fois, c'était à Montreuil, au salon du livre Jeunesse. Nous avions pris rendez-vous parce qu'elle souhaitait que je monte un projet pour sa collection et voulait que je fasse connaissance avec Clotilde Vu qui la codirige avec elle. C'était un chouette moment, et nous avons beaucoup discuté des prémisses du projet que j'avais en tête. Ce n'était pas une histoire à proprement parler, mais plus un concept de triptyque. Comme je ne voulais pas l'écrire, elles ont tout de suite pensé à Bruno et elles ne se sont pas trompées du tout, ce qu'il a écrit est géant.


Si vous deviez citer un élément de création qui vous a séduit tout particulièrement chez votre partenaire de travail?
Ce qui m'a le plus séduit chez Bruno, c'est que j'ai eu tout de suite cette impression que nous étions sur la même planète. Sans les citer, tous ses premiers mots ont été comme un électrochoc pour moi. Ses idées étaient très riches et correspondaient vraiment à ce que j'avais toujours voulu raconter. C'est l'image de la couverture qui a servi de fondation à notre aventure. Il est parti d'elle pour écrire le premier synopsis et c'est comme s'il avait extirpé de cette illustration une partie de moi et en avait fait une histoire. C'était une impression fascinante et étrange à la fois. Un peu comme s'il m'avait taillé un costume sur mesure avec des tonnes de poches bourrées de surprises.


Capture-d-ecran-2012-10-11-a-13.39.17.pngCe livre parle du pouvoir des histoires , capables de métamorphoser les gens...une histoire a-t-elle un jour changé votre vie?
Il y en a eu plusieurs oui. Certaines m'ont, en quelque sorte, transformé. Celle qui me vient tout de suite à l'esprit, qui m'a à la fois traumatisé et que j'ai en même temps adoré, c'est "l'histoire sans fin" que j'ai vu au cinéma quand j'étais petit. C'était fou cette histoire de néant, de mangeur de pierre, de livre dont on est le héros… Tous ces personnages fabuleux, les marécages de la mélancolie, Falco le dragon chien volant... le fait de rester enfermé dans son école la nuit ! J'ai lu le livre bien plus tard, mais petit, ce sont vraiment le film et cette histoire qui m'ont le plus marqué et changé. C'est marrant d'ailleurs car c'est aussi un monde qui vit grâce aux histoires.


Le personnage de la grand-mère, réconfortante et pleine de fantaisie, est né de souvenirs auprès de vos aïeules respectives?Pour Bruno, je ne sais pas, je ne lui ai jamais posé la question, mais personnellement ce n'est pas le cas. Certaines choses comme le lieu où elle habite, où des détails vestimentaires m'ont été un peu inspiré par mes grand- mères, mais pas spécialement la fantaisie. Après... On puise souvent dans ce qu'on connait...


Au fait, quel serait le goût de votre ombre...si vous deviez choisir?
Haha, ce n'est pas évident, j'aurai tendance à choisir dans des goûts que j'aime bien, mais ce ne serait pas honnête. Je pense que la mienne, pour se rapprocher de ma personnalité, aurait un goût à la fois doux et amer... comme celui du pamplemousse ?!


Pour inventer une histoire comme celle-ci et la dessiner ensuite, il faut passer de longues heures les yeux fermés sur un hamac à laisser l'imagination dériver?
Oui, c'est un peu ça ! Être au calme me suffit à vagabonder... Après, je dois dire que ça ne m'a pas demandé un effort particulier, d'une part parce que l'histoire de Bruno est vraiment très riche et parce que tous les détails et personnages qu'elle m'a inspiré font, je crois, déjà partie de moi. J'ai vraiment eu l'impression de pouvoir me laisser aller sur ces images. J'ai parfois eu des difficultés mais c'était plus d'ordre technique... Il y a certaines scènes que j'avais en tête que j'ai eu du mal à dessiner mais j'ai persévéré... il paraît que c'est comme ça qu'on progresse.


Avez-vous des mentors ?
Il y a beaucoup d'artistes que j'admire et qui m'inspirent beaucoup. Bon pour Susine, il me sera difficile de nier mon amour pour Hayao Miyazaki qui est pour moi l'un des meilleurs raconteurs d'histoires. Ensuite il y a des gens comme Maurice Sendak, Tomi Ungerer, Nicolas De Crecy, Sergio Toppi, Michael Dudok, jiri trnka... les copains aussi ! Enfin c'est très difficile comme ça, il y en a trop... Sans compter ceux que je découvre tous les jours et qui font des choses super touchantes et me donnent des envies.


Le monde réel est assez sombre pour Susine - comme tous les personnages de conte me direz- vous- mais pourquoi avoir choisi de peindre la réalité avec la même coloration que celle du monde du Dorméveil?
Je ne trouve pas que le monde réel de Susine soit particulièrement sombre, elle vit des choses tristes et difficiles, c'est vrai, comme ça peut être le cas dans certaines périodes de nos vies. Je n'ai pas voulu faire de son monde réel une caricature. J'aime l'idée qu'il n'y ait pas une grande différence entre ces deux mondes. Même si le second est beaucoup plus fantaisiste et porte sur l'imaginaire, il est issu du premier, des histoires de sa grand-mère, de son rapport avec ses parents, de sa solitude... Pour moi les deux sont liés, je ne veux pas les distinguer. Les rêves sont souvent en rapport avec des évènements de l'existence et inversement les rêves guident souvent l'existence.


Comment est née l'idée de cette Reine des Larmes , nue, toujours de bougonne humeur et à cheval sur un crocodile patient?
C'est Bruno qui en a fait une reine, et je trouve ça beau et original. C'est un des personnages issus de l'image de couverture qui a lancé le projet. C'est une image que j'avais réalisée pour une expo à l'origine. Elle s'est faite en une journée pour le plaisir et les personnages qui l'habitent, sont nés dans l'instant et dans le simple but de se laisser aller.


Le Monde d'après est-il plus inconfortable que celui du Monde d'Avant? Qu'est-ce qui attend Susine dans la prochaine aventure?
Je ne veux pas en dire trop, mais en effet le monde d'après sera plus sombre. Le rythme va changer, l'imaginaire de Susine va se transformer. Dans le monde d'avant, Susine mène une aventure assez contemplative et lumineuse. Elle s'y est réfugiée pour se sentir moins seule. Le monde d'après, elle va s'y introduire de manière plus "brutale" dans le but de trouver un moyen d'aider ses parents. On aura un récit plus soutenu et l'aventure risque d'offrir pas mal de surprises. Cependant on retrouvera beaucoup d'éléments et de personnages issus du monde de la lumière qu'on observera sous un autre angle que je qualifierai de plus "mature".

 

Titre: Susine et le Dorméveil

Auteur: Bruno Enna

Illustrateur: Clément Lefèvre

Editions: Soleil

Prix: 16,95€

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 13:31

tobia.pngPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr/Crédit-photo:DR/ Tobia Rava est originaire de Padoue et depuis plus de dix ans, il est co-fondateur d'une association d'art contemporain qui réunit des artistes de mêmes affinités pour requalifier l'homme en le mettant en syntonie avec son milieu et pour rendre l'art contemporain conscient des rapports entre l'Histoire et l'histoire de l'art. Il participe ainsi à des cycles de conférence, invité par des universités et des instituts supérieurs d'art pour partager son activité en lien avec la culture hébraïque, les mathématiques logiques et l'art contemporain. Son travail pictural et plastique met l'art au service de l'esprit et lui attribue une valeur initiatique. Il l'accomplit en utilisant des nombres et des lettres de l'alphabet hébraïque. Il nous parle ainsi de la Gematria, un art cabalistique qui permet de dévoiler les correspondances secrètes entre certains termes selon la valeur numérique des lettres qui les composent. Tobia Rava fait autant appel à nos yeux qu'à notre esprit et ses tableaux aussi conceptuels qu'esthétiques nous ont séduits au détour d'une ruelle vénitienne, exposés dans une galerie non loin de la Salute. Les bons comptes font les bons amis alors on partage!


Un matin, Tobia Rava a su qu'il serait peintre ?rava.png
Quand j'étais petit, j'ai certainement eu une tendance à dessiner mais aussi à utiliser mes mains pour construire à la fois des formes naturelles et inventées en utilisant toute sorte de matériau.


Vous êtes originaire de Padoue et travaillez à Venise: deux superbes villes chargées d'histoire et de monuments majestueuX. Si vous deviez citer un endroit qui vous inspire tout particulièrement dans chacune de ces villes, lequel serait- ce?
J'ai travaillé sur de nombreuses architectures de Venise et de Padoue. A Venise, sur des églises comme "La Salute", "The Scala del Bovolo", la synagogue "Sefardita", des palais, des ponts et des canaux alors qu'à Padoue j'ai travaillé sur les arcades et l'université de Galilée.


Venise matérialisée par des chiffres...comment est née l'idée?
Quand j'étais plus jeune, il me semblait que les reflets du soleil sur l'eau étaient des lettres et des nombres...


Avez-vous fait du dessin d'architecture par exemple tant La question des perspectives semble essentielle dans vos ouvrages ?
J'ai toujours apprécié le dessin architectural et la photographie avec des perspectives.


boscone.pngMathématiques et Art, deux domaines que vous avez réunis pour ...?
L'art et les mathématiques ont toujours été en compétition. Les objectifs esthétiques et symboliques sont inséparables dans mon travail.


L'utilisation de ces chiffres rappelle les techniques utilisées en littérature dans le nouveau roman par exemple....y-a-t-il une part ludique revendiquée dans l'utilisation systématique de cette esthétique?
Il est vrai de dire que les influences de la littérature contemporaine et l'idée de jouer avec les images et le langage ont toujours été présents dans mon travail.


Accordez-vous du sens aux chiffres par eux-mêmes?
Oui. Chaque nombre correspond à un concept : chaque lettre de l'hébreu est un nombre et chaque mot est la somme des valeurs numériques des lettres de ce mot. Les mots avec la même valeur numérique ( Gematria) sont associés par le sens.


Donnez-vous du crédit à la numérologie par exemple?
Je n'ai aucun intérêt pour la numérologie dans le sens strict du terme mais pour la Gematria , qui est la valeur numérique des mots qui vient de la théologie mystique de l'Hébreu, oui!


Avez-vous un chiffre fétiche?
Je trouve tous les numéros intéressants mais le numéro de ma signature est 32 parce que c'est la valeur de mon prénom, Tobia, dans la Gematria.


Avec ces chiffres, voulez-vous jouer avec le regard du spectateur? Un peu à la manière1066-sistema-entropico-2008.jpg des illusions d'optique?
Mon travail a certainement digéré et réutilisé l'histoire de l'art à la fois en ce qui concerne les expériences d'optique, les parcours surréalistes et les études sur la perception visuelle.


Avec quels matériaux et quels outils travaillez-vous pour concevoir vos toiles?
Je n'ai jamais exclu quoi que ce soit.Au fur et à mesure des années, j'ai utilisé de tout: du matériel de recouvrement aussi bien que de vieilles bouteilles de shampoing ou encore des flacons médicinaux vides. J'ai utilisé tous les types de techniques graphiques et picturales. Mes travaux les plus récents sont des sculptures en bronze,la technique " cera persa" et les UV catalyseurs sur de l'aluminium réfléchissant.


Les chiffres sont ajoutés sur le dessin initial ou sont-ils présents dès la genèse de la toile?
Dans beaucoup de mes toiles, la surface numérique se superpose sur un flux graphique pictoriel mais parfois les lettres et les nombres prennent forme et construisent l'image.


Vous êtes également sculpteur. Pouvez-vous nous parler de ce volet de votre travail artistique?
Mes travaux les plus récents en trois dimensions représentent le monde animal parce que je suis intéressé par les structures mathématiques qui sont présentes dans chaque être vivant, comme dans la suite de Fibonacci et le nombre d'or.


Où peut-on découvrir vos oeuvres picturales et plastiques?
Les informations en lien avec mes expositions en cours et les galeries dans lesquelles j'expose mon travail peuvent être trouvées sur mon site: www.tobiarava.com ou sur ma page facebook.

1184-correre-stretto-.JPG

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21 septembre 2012 5 21 /09 /septembre /2012 10:30

 alessiaianetti.jpgPar Julie Cadilhac - Bscnews.fr/Photographie: Eleonora GrassoAlessia Iannetti a 27 ans et vit à Carrara en Italie. Après des études aux Beaux- Arts dans sa ville natale, elle a saisi ses crayons et stylos et imaginé un univers imprégné de poésie et de mélancolie automnale. Nourris d'éléments poétiques, ses toiles sont peuplées de jeunes femmes ou d'enfants au teint pâle et dont la peau est nervurée: des poupées de porcelaine fragiles dont le visage menace de se briser. Autour d'elles, l'on sent battre le coeur de Mère-Nature et l'on voit voleter des oiseaux gracieux,des papillons et des mites. Êtres hybrides, elles se parent d'éléments animaux et végétaux qui leur donnent des airs étranges. Nous avons pris le temps de nous poser en compagnie de cette jeune artiste pour connaître quelques secrets de sa peinture qu'elle qualifie d'"instinctive".

 

On trouve un auto-portrait parmi vos toiles... avec des mots, qu'est-ce que vous nous diriez de vous?

Je peux vous parler d'où me vient l'inspiration quand je mets de côté les crayons. Je lis beaucoup de livres, je regarde des films effrayants, j'écoute de la musique, je vais à des concerts. La musique a toujours été ma plus grande obsession, un chemin précieux que j'emprunte pour trouver l'inspiration. Je ne commence jamais à travailler sans avoir choisi quelque chose de nouveau à écouter et qui soit approprié à la peinture: quelque chose de malinconic, de relaxant et d'hypnotique. Je garde les sons plus agressifs pour mes soirées folles avec les amis.

 

Pourriez-nous expliquer comment vous avez conçu cet autoportrait?

L'idée de cet autoportrait est née par chance lorsque j'étais en train de travailler sur "Doll parts", une série de dessins qui représente la figure féminine comme une poupée de porcelaine avec un visage brisé. "Doll parts" est une réflexion sur le corps en tant qu'objet et cette série montre de jeunes femmes emprisonnées dans un corps de poupée, un corps hybride, une peau artificielle griffée par des fuites, qui deviennent humaines au contact de la nature. Dans ce cycle de travail, j'ai opposé des sujets innocents, fragiles et précieux à la violence et la mutilation. Une réalité idyllique est perturbée par quelque chose d'inquiétant et de sombre, les idéaux de beauté et de pureté sont pervertis par un élément choquant. Parmi ces portraits de filles, j'ai décidé sans aucune raison particulière de me représenter moi-même, en essayant d'exprimer quelques aspects intimes de mon histoire personnelle à travers des symboles. L'image de la poupée, si gracieuse et inquiétante en même temps, m'a toujours charmée et c'était agréable le travail de cette peinture et de me voir comme ça.

 

Vous êtes originaire de Carrara, ville Toscane célèbre pour ses marbres...le choix de votreCOUV33.jpg palette et de vos techniques sont elles influencées par votre ville natale et résidentielle?

Je ne me sens pas 
particulièrement 
influencée par la tradition artistique
 de ma ville natale
qui est liée à la
 sculpture. J'ai
 approché la 
peinture de façon 
instinctive à l'âge 
de 2 ans et j'ai 
passé mon enfance 
à imaginer des 
histoires que je 
reproduisais dans 
mes dessins. Je 
pouvais passer des 
jours entiers à dessiner, immergée dans mon monde sans être dérangée par la réalité qui m'entourait . Mes instruments ont toujours été le crayon, le stylo et le papier, des outils instinctifs qui ne nécessitent aucune préparation. Plus tard, à l'Académie des Beaux Arts, j'ai suivi des lectures d'Omar Galliani et j'ai découvert comment utiliser le bois comme support de travail, un support dur, comparé au canevas, vivant et intéressant d'un point de vue matériel avec ses veines et ses noeuds qui lui donnent une texture naturelle pour travailler dessus.

 

Vous utilisez beaucoup le graphite...afin de jouer par la suite sur des touches de couleurs?

Chacun de mes travaux, sur le papier et sur la planche, est noir et blanc, en graphite. La particularité d'utiliser cette matière sur le bois est de rendre les parties sombres , métallisées et variables: les tableaux faits avec cette technique changent beaucoup selon la lumière et ils semblent plus clairs ou plus sombres selon le point de vue de celui qui les observe. Je commence toujours avec le crayon et une fois que le clair-obscur est achevé, j'applique la couleur sur quelques détails seulement. J'utilise l'aquarelle, des crayons de couleur et de l'encre, des matériaux qui confèrent d'intéressants effets sur le bois.

 

On pense également à la technique du tatouage en observant vos illustrations...

Oui, la pression que j'exerce avec le graphite sur la planche de bois peut souvent créer quelques petites rides, pas très profondes, qui peuvent rappeler une sorte de gravure sur bois . De plus, le bois, étant une partie de ce qui était un organisme vivant, peut être considéré comme un matériel vivant et mon travail sur lui peut être comparé à celui d'un tatoueur sur la peau. Je pense aussi que les sujets de mes travaux, noir et blanc, dans leur style si détaillé de nuances, sont faciles à reproduire avec une technique de tatouage . On m'a souvent demandé de faire des dessins pour des tatouages.

 

Vos visages sont si réalistes qu'ils semblent des reproductions de photos... est-ce le cas? quelles sont vos techniques?

Les idées et les visions naissent dans mon esprit et je les reproduis ensuite sur le papier d'une façon très stylisé. Une fois trouvé un sujet approprié pour représenter les caractères et les scènes que j'ai imaginées, je le mets dans un environnement ou une scénographie, je fais beaucoup de photos et je choisis celles qui sont les plus proches de ma vision originale. Quelquefois cette vision est inspirée par un sujet , un visage ou un regard particulier. La majorité des mes travaux sont nés en prenant inspiration de ces prises de photos mais les sujets réels sont au fur et à mesure modifiés pendant que je dessine. J'aime l'idée d'insérer quelques éléments imaginaires dans un composition réaliste, en partant de la réalité et en la modifiant, comme dans un rêve.

 

daphne.jpgOn pense à l'automne quand on se promène dans votre univers...une volonté de la dessinatrice? Est-ce votre saison de prédilection?

C'est pour moi la saison la plus magique et saisissante de l'année, tout se teint avec des couleurs mélancoliques.Cela me fait penser à des feuilles sanglantes qui tombent, un tourbillon de fleurs mortes et le vacarme de petits démons qui infestent la nuit d'Halloween. Ray Bradbury était tout à fait enchanté en automne et il a inséré cette saison dans quelques uns de mes livres préférés qui ont fortement influencé mon imaginaire et mon travail. Je suis née en automne.

 

Parmi les leitmotivs, celui des ramifications des branches et les papillons...une explication technique ( plaisir de dessiner ces thèmes-là), émotionnelle, intime, signifiante?

Les arbres me fascinent en tant qu'organisme vivant qui pousse dans la terre. Ils ont leurs racines qui plongent dans les profondeurs et l'obscurité. Elles s'étendent, se divisent et s'entrecroisent dans la terre pour obtenir la nourriture et l'énergie. Leurs branches se détachent dans le ciel, s'allongeant à l'infini. Avant, les arbres représentaient l'élément magique qui permettait l'union entre la terre et le ciel. Je les considère comme l'union entre la réalité et la fantasmagorie. Les racines sont liées au monde subconscient et l'autre partie grandit vers le haut et la lumière. Mes obsessions avec les mites viennent de l'adolescence, quand j'étais tout à fait frappée par le travail de Floria Sigismondi, et par dessus tout par les quelques clips vidéos de Marilyn Manson, où il y avait ces insectes. Les papillons et les mites m'attirent pour leur beauté, leur vie éphémère, leur transformation depuis la chrysalide qui permet à ces vers de se métamorphoser en de merveilleuses créatures ailées. Cette transformation est pour moi une métaphore des changements à la fois du corps et de l'âme subis de l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Les mites are mortellement attirées par la lumière et elles ont une fin triste suivie d'éclairs de lumière.: dans leur recherche désespérée de lumière du soleil, qu'elles utilisent pour trouver leur chemin; elles brûlent leurs ailes avec le feu ou l'électricité. Pour moi, leur image est le symbole de ceux qui sont toujours à la recherche de la lumière, de la vérité dans l'obscurité, à leurs dépens. Les arbres et les mites sont des sujets extrêmement charmants à observer et à reproduire en dessins. Je préfère les mites aux papillons à cause de la multitude des motifs que la nature a peint sur leurs ailes avec les couleurs de l'automne. Elles me rappellent les feuilles mortes. Je peux perdre des heures lorsque j'essaye de reproduire les motifs de leurs ailes ou les cheveux qui couvrent leurs corps et leurs antennes et en de la même façon je peux me perdre dans les détails des écorces ou des ramifications des arbres et leurs racines, comme si j'étais dans un état d'hypnose, très relaxant.

 

La symbiose entre l'homme et la nature s'exprime aussi dans vos tableaux, non?

J'essaie symboliquement de saisir mes caractères humains depuis leurs racines, les plaçant à l'intérieur de l'univers naturel d'où ils viennent. Mes nymphes vivent en harmonie avec la nature environnante et elles se mêlent à elle. C'est ma manière de donner un peu d'humanité à leur corps qui , dans la réalité , sont de plus en plus contaminés.

 

L'hybridité de vos personnages et leurs corps enfantins doit- elle se lire comme une vision poétique et fantasmée des êtres ou ces stigmates animaux veulent-ilsexprimer quelque chose de plus sombre?

Les corps de mes jeunes caractères changent et acquièrent une apparence animale avec des cornes de cerf ou de bélier. La fusion humain-animal appartient à ma vision poétique : grâce au contact avec la nature et le monde animal, mes caractères gardent leur innocence , deviennent de fantastiques créatures. Les allusions à l'obscurité doivent être trouvées dans les replis qui griffent leur peau de porcelaine. Ces griffures représentent une manière, pour les personnages, d'unir leur sensibilité avec les parties les plus sombres de leur âme. Dans ma peinture, j'ai toujours mélangé la lumière et l'obscurité et la poésie et la douceur se mélangent avec la panique et la peur. Je pense que c'est façon la plus sincère pour décrire la réalité. Je ne peux pas apprécier un travail sans ces composantes parce que la réalité inclut les deux.

 

Des expositions prévues prochainement? Lesquelles?

Je ne peux en parler pour l'instant mais je prépare une première exposition en solo pour 2013. Je vous en dis plus très vite!

 

Alessia Ianetti exposera à la galerie Dorothy Circus à Rome en février 2013.

Le site d'Alessia Ianetti

Le site de la Dorothy Circus Gallery

Le site d'Eleonora Grasso ( photographies d'Alessia Ianetti)

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 15:09

Paolo.jpgPropos recueillis par Julie Cadilhac - Bscnews.fr /  / © Paolo Guido / Nous partons donc pour l’Italie et Rome et ce n’est pas pour nous déplaire au coeur de l’été ! En chemin, nous avions envie de bavarder avec Paolo Guido à propos de son travail d’illustrateur numérique. Si vos pas vous portent dans la ville de Romulus et Rémus, n’hésitez donc pas à faire un tour à la Dorothy Circus Gallery où l’artiste expose jusqu’à fin juillet en compagnie de nombreux noms prestigieux du mouvement pop-surréaliste contemporain ( dont Ana Bagayan,Leila Ataya et Nicoletta Ceccoli que nous avons déjà reçues dans le magazine) . Fortement imprégné de mythologie, l’univers du dessinateur est aussi esthétique que porteur de sens. Place donc à ses mots - éclairants et qui ne manquent pas d’humour - à propos de sa «philosophie illustrative » !


Vous êtes un illustrateur numérique... Pourriez-vous définir ce type d’illustration?

En fait, je n’ai pas une formation artistique proprement classique. Je suis ainsi peu enclin à donner des définitions. J'ai une approche très intuitive pour mes travaux. Je me limite à connaître la propriété des pixels. À la limite , je peux vous dire combien de pixels peuvent être contenus dans un tube de couleur.


Pourquoi avez-vous choisi cette technique pour peindre? Cela fait contraste avec le sujettitor.jpg de vos tableaux, non ?
Cela peut paraître superficiel, mais jusqu’à maintenant je me réjouis de la présence d’un ordinateur chez moi tant qu’il ne prend pas trop de place. Une technologie froide n'exclut pas la passion pour l'art du passé.


Est-ce que vos sujets sont toujours des enfants? Exprimez-vous une sorte de nostalgie pour les chérubins qui peuplaient les nombreuses peintures de la Renaissance?
Je ne suis pas sûr qu’ils soient des enfants. Formellement, ils le sont mais ils ont une force qui est propre à celle de l'adulte. Je leur souhaite de ne pas tomber dans la nostalgie parce qu’ils viennent pas de chez elle.


La toile de fond est souvent "monochrome", atmosphérique... pour mettre en valeur le sujet?

Oui, cela peut être une manière de donner plus d’ « air » au sujet. Qui ne voudrait pas être arraché à l'étreinte de l’espace spatio- temporel?


aviator.jpg"Aviator" est un Petit Prince de Saint-Exupéry qui laisse flotter au dessus de sa main gauche une planète étrange, nous trouvons la même étrangeté chez "Viator": est-ce un clin d'oeil à Hayao Miyazaki?
Quelqu'un m’a récemment fait remarquer que beaucoup de dieux, sujets de mes peintures, ne posent pas les pieds sur terre. Cette question - avoir les pieds sur terre , c’est à dire être plus réaliste- est ce que j’essaie d’appliquer à ma vie depuis quelques années. Les points fondamentaux du "genre flottant" m’intéressent de façon générale ....de John Boorman de "Zardoz" à la Diana Wynne Jones du " Château dans le ciel" ( livre qui a donné le sujet du film de Hayao Miyazaki) mais je ne pourrais jamais me permettre de faire un clin d’oeil à un de ces grands en question. Ils pourraient me tomber à l’improviste sur la tête. Je les observe donc à distance.


Est-ce que Titor est un petit Hercule?" Un enfant du futur envoyé sur la planète Mars après que la Terre ait rendue son dernier souffle? Est-ce l'ambition de vos peintures: faire naître des histoires dans l'imagination du lecteur? Dans ce sens, pourrait -on dire que vous êtes surréaliste?
Vous êtes la seconde personne qui me parle de "Titor" comme d'un petit Hercule. il y a quelque chose de vrai là- dedans sur laquelle il faudra que je me renseigne. "Titor" tire son inspiration du personnage à l’identité jamais révélée, qui se faisait appeler John Titor, et se déclara - d’octobre 2000 à mars 2001- sur des forums internet, voyageur temporel. Titor s’inspire de renseignements trouvés sur le blog de ce John Titor et d’une pensée intéressante sur l’attente de Maurice Blanchot ( resté à la base). Voilà que je m’imagine pouvoir partir de ce travail pour commencer à poser les pieds sur terre; être plus concret, sans retard, croiser les jambes et me révéler à moi même qu’un art puissant est celui qui produit une oeuvre libérée du drame d'être un sujet, quelque chose qui vit et qui ne craint ni le passé ni l’avenir, générateurs d'histoires et d'autres arts. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si aujourd'hui "Titor" fait la couverture de l'album "Tradition Électrique" du duo italien Baldi/ Faggella, un produit musical intéressant qui conjugue l'avant-garde avec le classique.

Est-ce que ça se rapproche du surréalisme? L’ambition du surréalisme, historiquement, a été celle de vouloir explorer le monde spirituel, il y a pénétré comme aucun mouvement ne l’avait fait auparavant, assurément, mais( de mon point de vue)) il l’a fait sans coordination des mouvements, en ignorant les pulsations régulières, en méconnaissant le fait que le monde a un coeur et qu’il y a des petites règles qui doivent être respectées. Il s’est révélé un cadavre exquis ... mais pour toujours un cadavre.


Vos illustrations sont fortement imprégnées de la mythologie grecque et latine... si vousCOUVJUILLETAOUTWEBE.jpg deviez citer un mythe qui vous plaît particulièrement, lequel serait-ce?
Je m’intéresse à la narration mythologique plus qu’à toute autre. Elle semble enchaînée, chaque mythe n’existe pas en lui-même ; oui, on peut l’isoler et le réduire à un récit simple mais ce qui le rend « présent», c’est son prologue /épilogue et sa continuation dans le mythe suivant. Contrairement aux Ecritures où le Christ est au centre et est le paradigme de chaque narration, dans la cosmogonie grecque le meilleur des dieux de l’Olympe observe les luttes intestines de ses sujets, et tout tourbillonne chaotiquement autour ... il n’est donc pas étonnant que Jupiter souffrit de migraines et que Minerve soit sorti de son crâne. Les Métamorphoses d’Ovide sont exemplaires pour comprendre comment cette concaténation se produit: Narcisse est résolu par Persée. Le mythe de Narcisse est d’une grande «utilité» parce qu’il est toujours fortement d’actualité dans la culture occidentale...mais vous observerez comment le «stagnation»/ «observation ( miroir)» qui conduit Narcisse à la perte d’identité se transforme dans le mythe de Persée en bouclier /miroir qui lui permet de vaincre et de ne pas être pétrifié par Méduse. Cette question est pour moi d’un grand intérêt!

Pour votre triptyque «Even», on croit reconnaître dans les figures de droite et de gauche des attributs divins: le thyrse de Dionysos, le sablier de Lachesis, la Parque du destin fatal, les cornes et la flûte de Pan. Est-ce que vous pouvez nous parler de la genèse de cette image?
En ce qui concerne “Even” (en italien, si l’on regarde en miroir le mot on obtient le mot «Neve», la neige) il y a au centre de son esthétique une légence chrétienne (le miracle de la Sainte-Vierge ( Sainte- Marie Majeure, le miracle de la Neige ), mais si l’on observe plus attentivement le noyau , on constate qu’une polyphonie merveilleuse tourne autour qui révèle comme la vraie origine que l’on retrouve dans les cultes païens de la fertilité.


Et les étapes de sa création?
Le triptyque “Even” a été réalisé à l’occasion de l’exposition "Would you be my Miracle?" et les délais ont été serrés (peu de semaines). L'élaboration s’est déroulée et a progressé avec tous les risques que l’on prend quand on doit finir à l’heure, à l’échéance. La question du temps limité, elle apparaît comme une présence symbolique avec le sablier , mais je voulais aussi qu’elle n’interfère pas trop...les mots magiques ont été « hâte-toi lentement». Durant le travail est née en moi une certitude... l’artiste doit peindre dans « une sorte de rêve» , comme immergé dans un songe... mais avec l’alarme du bureau à ses côtés...


Vous exposez régulièrement à la Dorothy Circus Gallery: en êtes-vous un membre actif?

  Oui, mes travaux sont actuellement exposés à la DCG. Mon apparition dans “Would You Be My Myracle?”était plus un «teaser show» ( Ray Caesar et Nathalie Shau étaient les deux artistes au centre de cette exposition).


Vous allez participer aussi à une exposition collective (du 14 au 20 juillet) intitulée “Green Blood”: pourriez-vous nous dire un mot à ce sujet?
“Green Blood” est née avec une intention charitable envers une Nature qui semble avoir été oubliée. Je tiens à remercier le commissaire Alexandra Maher (qui est également propriétaire de la Dorothy Circus Gallery) de m'avoir impliqué dans le projet et pour son excellent travail qui a rendu cela possible. La Dorothy est aujourd'hui l'une des galeries les plus populaires en Italie et dans le monde entier grâce à la passion (sang et lymphe) de celle qui la gère. Ce « Sang Vert » peut se vanter d'avoir la présence de grands noms du Pop Surréalisme. Je crois que ce sera une exposition unique en son genre.


Quel travail présenterez-vous pour cette exposition?

“Bringing It All Back Home” un retour aux origines puisque c'est un « travail » effectué avec la pointe métallique (argent et cuivre) sur du papier préparé. Restaurer tout à la maison est un devoir que Mère Nature a exécuté jusqu’à présent...mais maintenant c’est à chacun de nous de poursuivre.


Quel(s) projet(s) pour ce deuxième semestre 2012? A quand une exposition en France?
Je prépare en ce moment mon premier artbook, avec une exposition personnelle à la clé qui se tiendra à Rome début 2013. Au jour d’aujourd’hui, je ne vois pas encore l’heure de pouvoir exposer en France.


www.dorothycircusgallery.com ( Rome)
www.dorothycircusgallery.comDorothy Circus Gallery (Courtesy)

 

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Illustration: Nicoletta Ceccoli, entre beauté et cauchemar

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 12:36

Dan056Interview de Daniel Merriam/ Propos recueillis et traduits par Julie Cadilhac - Bscnews.fr / Daniel Merriam vit en Californie tout près de San Francisco. Imprégné d'une enfance bucolique dans le Maine, au Nord-Est des Etats-Unis, ses tableaux surréalistes puisent leur force et leur émotion dans l'observation singulière que l'artiste fait de ce qui l'entoure. Autodidacte, il peint dès son plus jeune âge, devient illustrateur commercial pour des multinationales puis ,dès l'âge de 25 ans,  se consacre exclusivement à la peinture. Exposé dans de nombreuses galeries américaines - et en compagnie, parfois, de grands noms du troisième art -, ses toiles sont exposées en Europe également  depuis quelques années dans divers musées à l'occasion d'expositions de groupe. En novembre 2012,  on pourra  notamment découvrir deux de ses toiles au Grand Palais parisien lors d'une exposition organisée par le Salon Comparaisons. Inspirées par l'architecture victorienne américaine, ses oeuvres offrent au regard  des mondes merveilleux et délicieusement colorés où respirent d'étonnants personnages, souvent hybrides. Machineries flottantes,  bâtiments excentriques et parfois même personnifiés, costumes d'époque haute couture, le fantasque flirte avec le beau dans l'univers féérique de Daniel Merriam et chaque toile est prétexte à faire décoller l'imagination! En compagnie de singes en livrée, d'une fanfare rocambolesque ou d'une princesse mystérieuse, l'artiste  nous invite à un voyage où "la réalité est prise par surprise" et dans lequel l'imaginaire devient maître du jeu. Bienvenu(s) dans l'univers de Daniel Merriam où le monde devient un théâtre….Entrez!


Où avez-vous grandi? Votre enfance a-t-elle été déterminante selon vous dans la maturation de votre art? Quelle période de votre vie a  influencé le plus votre pinceau?
J'ai grandi dans le Maine. Je suis né à York Harbor, un petit village de pêcheurs qui était un lieu très touristique l'été. L'endroit attirait pour ses aspects rustiques et son charme suranné. Il y avait de nombreuses expositions d'art dans la région. En fait, la qualité des travaux exposés augmentait grâce aux arts locaux qui prospéraient mais aussi à l'environnement universitaire. Quand j'étais petit, j'ai vu quelques excellentes expositions d'art moderne. Elles m'ont tellement marqué que ça m’a donné envie de maîtriser des compétences artistiques alors même que j'étais un jeune garçon.
Le Maine est assez rural donc naviguer au milieu des bois m'était une activité naturelle. JeROLE MODEL sm me promenais pendant des miles tout seul sans une boussole ou une route à suivre. Si je connaissais la terre, j'étais aussi le maître des eaux. Entre la navigation à voiles, la pêche et la plongée, j'ai dépensé autant de temps dans l'eau qu'à l'extérieur. Mon monde a été modelé par la réalité brute de la nature et les traitements imaginaires de ma perception. Mon rapport à la nature est sans aucun doute enraciné dans les formes et les modèles que l'on trouve à l'intérieur de mon art. Tant ma famille que notre communauté possèdent une qualité fantasque qui demeure dans mon art. Je devrais donc dire, je crois, que mon enfance est ce qui a inspiré le plus mon art.



Où habitez- vous aujourd'hui? êtes-vous plutôt citadin ou bucolique?
Je vis sur la baie de San Francisco dans la petite ville de Sausalito. Je peux voir la ville depuis mon appartement mais je dois traverser le Pont du Golden Gate pour l'atteindre. J'ai vécu dans de nombreux endroits aux Etats-Unis et j'ai finalement  trouvé l'équilibre parfait entre la grande ville et la campagne. Sausalito me permet d'avoir accès aux deux.



Quels enseignements avez-vous suivi? Qu'avez-vous appris d'indispensable à l'école? et de quoi vous seriez-vous dispensé?En 1980, quand je me présentais pour entrer dans des écoles d'art, on n'encourageait pas le travail figuratif. On me disait que mes capacités ne seraient pas appréciées à leur juste valeur. J'ai alors choisi de travailler en tant qu'illustrateur commercial plutôt que de devenir un peintre "abstrait". Les modes dans l'art ont changé plusieurs fois depuis lors et heureusement la peinture figurative a gagné aujourd'hui un vif intérêt auprès des collectionneurs d'art. En ce qui concerne mon enseignement artistique, je n'ai presque rien à citer. Nous avions le cours d'art à l'école primaire mais c'était assez basique. J'ai appris les techniques par l'observation, l'essai et l'erreur. J'ai du persévérer seul comme je l'avais été dans les bois. La leçon la plus intéressante que j'ai reçue fut le jour où mon professeur d'anglais du 10ème grade a proposé une série de mes dessins humoristiques politiques lors d'un concours de journalisme et que j'ai gagné le premier prix! Ah! le pouvoir du stylo ne s'applique pas seulement à l'écriture!  Autre chose qui est restée ancrée dans ma mémoire? lorsque mon professeur d'art au lycée ( une femme taiseuse) m'a dit: " Vous savez, ce serait une catastrophe si vous finissiez à  conduire un camion."


Avec quels outils et quelles matières travaillez-vous?
Au début de ma carrière, j'étais connu pour mon travail à l'aquarelle. J'ai renoncé à l'aquarelle pour la plupart de mes travaux maintenant et je travaille essentiellement avec de la peinture acrylique sur panneau ou sur toile. J'ai toujours adoré également les dessins au crayon et je les considère comme un essentiel dans mon travail.


ONDINE_sm.jpgAvez-vous des mentors question peinture?
C'est difficile pour moi de trouver un mentor mais je n'oublierai jamais la générosité d'Alan Magee lorsqu’il  partageait ses sagesses avec moi.


D'autres domaines ( littéraires etc…) influencent-ils votre travail? Lesquels en particulier?
La nature est ma plus grande source d'inspiration. Quand vous mentionnez la littérature, je ne peux pas m'empêcher de faire le rapport entre les oeuvres d'Ernest Hemmingway et mon enfance. Ensuite? je me souviens de m’être  moins plongé dans la mythologie que dans Jules Verne. Je suis également passionné par la science et l'histoire, et avec les corrélations qu’il y a entre l'art et la religion. La musique a toujours été l'autre moitié de mes inclinations artistiques et elle reste pour moi une part importante de mon tissu émotionnel.



Vous souvenez-vous d'une rencontre qui aurait nourri votre art?
A chaque fois que je suis confronté à du travail artistique de qualité, j'ai envie de rentrer au studio et de créer. Comme si l'artiste me montrait des possibilités. Les artistes me présentent à une émotion, un sentiment et j'ai envie d'en voir davantage. Leur âme est affichée dans leur travail.



Avec quel(s)adjectif(s) qualifieriez-vous votre peinture? excentrique? baroque? surréaliste?
Tout ceci et plus encore. " Fantastique" aurait été le terme académique à utiliser jusqu'à il y a six ans de cela. De nouveaux mouvements artistiques ont été reconnus et nommés depuis comme le Steam punk, le Neo-Victorian, le lowbrow et le pop-surréalisme. L'Imaginary Realism et le Magical Realism sont deux nouveaux courants qui se battent pour avoir un statut reconnu. Mon art pourrait être classé dans une de ces catégories. Je me considère comme un surréaliste romantique. Je suis influencé par l'Art nouveau et la Belle Epoque, le Gothique, la Renaissance, le Victorien, le «vaudeville»…


Vous semblez priser les architectures complexes…trouvez-vous nos maisons etcouv-copie-1.png immeubles trop classiques, trop fades, sans fantaisie? Quel courant architectural vous séduit particulièrement?
Je vois l'architecture comme un reflet du propriétaire ou, ce qui est plus important, de celui qui y habite. Nous sommes -en tant qu'êtres humains- pré-programmés pour exprimer avec des ornements et des symboles ce qui parle de nos idéaux. J'ai grandi dans la Nouvelle Angleterre, au milieu de maisons de bois qui avaient été construites entre 1650 et 1890; beaucoup d'entre elles avaient été construites par leurs habitants. Ils construisaient et embellissaient d'après leurs goûts et en fonction des matériaux qu'ils avaient à disposition. C'est le genre de liberté que le "Nouveau Monde" permettait. Je trouve dans l'Art nouveau de Barcelone un autre exemple de l'expression architecturale qui n'est pas entièrement différente de la Victorienne. Je suis également impressionné par les châteaux que l'on trouve partout en Europe. C’est comme quelque chose qui est inspiré par un rêve. C'est la volonté industrielle ou gouvernementale qui ne répond pas la plupart du temps à l'intimité. De toutes les déceptions que l'on pourrait avoir dans l'architecture, la plus grande est celle de la simplification de l'architecture  pour des questions d'économie. Aussi juste que cela puisse être, je préfère juste voir dans l’architecture la preuve de l'expression humaine et de l'esprit qui suinte aux encoignures.


Dans vos toiles, vous montrez le monde tel que vous aimeriez qu'il soit?
J'ai juste le temps de montrer une petite tranche de ce que j'aimerais qu'il soit. Mes peintures sont composées de mes idéaux et filtrées de nombreuses manières différentes. Nous sommes tous embarrassés par nos propres limitations et souvent, quand je peins, je teste mes limites.


 
Il perce comme une nostalgie pour une époque où les costumes étaient cousus de fil d'or et les cheveux coiffés savamment, je me trompe?
On a perdu beaucoup lors des héritages de nos cultures et chaque génération tente d’en reconstituer une partie. Peut-être que nos descendants regarderont en arrière nos modes et en verrons un idéal. Qui n'aime pas porter une bonne perruque de temps en temps? J'aime m'habiller en costume et aller à un bal. Je voyage dans le temps avec le coeur.



Participer à des bals costumés au carnaval de Venise ou à des bals de fin d'année dans les palais russes, c’est  votre rêve d'artiste?
Cela ne fait pas seulement rêver les artistes mais aussi les gens de toutes conditions sociales qui aimeraient se livrer à ces frivolités.


Vous utilisez une palette extrêmement grande, semblez toutefois apprécier les couleurs vives et chaleureuses….le choix de la couleur est-il un moment crucial dans le dessin?
Il est en général nécessaire de planifier l'histoire de la couleur puisque les premiers coups de pinceau transparaîtront jusqu'à la fin.


Quelle couleur vous représente le mieux et pourquoi?
Le vert ou peut-être le rouge. Le bleu est assez sympathique. Je  ne peux qu’être momentanément partiel vis à vis des couleurs car sinon je ne serai pas capable d'utiliser toute la palette des couleurs...


Dans les thèmes récurrents de vos tableaux, on trouve le cirque et le théâtre….pourquoi?Ce sont les arènes dans lesquelles mon imagination se complaît et abonde. J'ai une affinité avec le "performer", je suppose que c'est parce que je me produis moi-même avec mon art. Mon chevalet est ma scène.



Vos toiles sont peuplées aussi de créatures mythologiques…parce que vous êtes plus attiré par les êtres imaginaires que les visages réalistes?
Il y a une autre dimension dans laquelle je peux entrer quand j'emploie l'imagination et la création semble m'appartenir davantage quand je dessine des êtres imaginaires.


Peignez-vous parfois des portraits de personnes réelles? pour des commandes par exemple?
On ne voudrait probablement pas commander à un peintre surréaliste de peindre un portrait à moins de vouloir une queue ou trois oreilles. Quand je débutais, j'ai fait pas mal de réalisme et j'ai été commissionné pour un certain nombre de portraits ( en  excluant l’ajout d’une queue bien sûr…)


Nous avons choisi Center Stage pour notre couverture de mai..pourriez-nous nous expliquer l'histoire de cette toile?
 J'avais développé son personnage sous une forme plus petite dans d'autres peintures. C’est une jeune femme qui ose et j'ai du commencer à oser comme elle pour la sortir de moi.


Vous avez publié trois artwork, n'est-ce pas? Savez-vous s'ils sont disponibles en France en librairie? Où peut-on se les procurer?
En France, vous pouvez trouver mon Artbook au Château de Belcastel si vous avez l'occasion de visiter ce beau château d'Aveyron dont le site est : http: // chateaudebelcastel.com


Votre dernier artwork se nomme "prendre la réalité par surprise"…est-ce votre credo pictural?
Dans mon processus de création et dans ma vie de tous les jours, je regarde toujours les choses depuis une perspective surréaliste ou magique. Ceci rend l'objet que je regarde plus dynamique et surprenant... parce que vous ne savez jamais ce qu'un sujet peut provoquer.


Quoi de prévu pour cette année 2012? des expositions? de nouvelles toiles?
Ma nouvelle exposition a commencé le 26 mai à l'AFA Galery à New-York, intitulée " Greatest Show on Earth". C'est un ensemble de travaux dédiés au cirque . Cette année, j'ai exposé à Las Vegas au Caesars Palace. Je suis très enthousiaste d'être en train de finir la construction de mon propre concept de galerie à Sausalito, qui est censé ouvrir début juillet. Ma conception architecturale a été le sujet de débats passionnés auprès de l'administration locale et le bâtiment promet d'être un de mes  travaux les plus conséquents. A la fin du mois de novembre, deux de mes toiles seront exposées au Grand Palais à Paris dans le cadre d'une exposition de groupe organisée par le salon de l'art actuel Comparaisons. Pour toutes mes actualités, vous pouvez visiter mon site web: http://www.danielmerriam.com
 
Le site de Daniel Merriam:
http://www.danielmerriam.com

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16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 19:22

sophie-de-la-villefromoit.jpgPropos recueillis par Julie Cadilhac-Bscnews.fr/  / Photos D.R/ Sophie de La Villefromoit a commencé ses études à l'Ecole Supérieure d'arts de Brest et les a achevées à l'Ecole Emile Cohl à Lyon. Elle vit en Bretagne dans le Finistère.Elle a illustré plusieurs albums pour enfants et ses illustrations colorées aux visages poupins rencontrent un vif succès! En 2010, elle a donné un visage espiègle à l'incorrigible petite Sophie de la Comtesse de Ségur, s'inspirant des moues de sa fille et peut-être de son caractère bien trempé lorsqu'elle était petite. Aujourd'hui, elle concocte en secret un livre avec Sébastien Pérez; on a hâte de le découvrir!


Née avec un crayon au bout des doigts ou touchée par l'amour du dessin un matin, au gré d'une rencontre?
Un crayon au bout des doigts! J’ai la chance d’avoir grandi dans 
une famille animée
par le dessin, la peinture et la musique. Je restais des heures assises à côté 
de mes tantes, regardant le pinceau courir sur les papiers et les toiles. Ma grand-mère me raconte que je réclamais toujours une feuille de papier et un crayon, elle conserve précieusement mes premiersgrandma-s-house.jpg dessins dans le bureau de mon grand- père... Cela dit lorsqu’on me demandait quel métier je souhaitais faire plus tard, je répondais Astronaute, Archéologue ou encore chanteuse de rock, mais en visitant la Sécession à Vienne, à l’âge de 14 ans, j’ai eu littéralement un coup de foudre. J’ai découvert les fresques de Gustav Klimt ainsi que ses dessins, ce jour là fut une révélation : je voulais peindre et dessiner, en faire mon métier ! Ma mère a toujours su que le dessin était ce pour quoi j’étais faite. Aujourd’hui elle reste encore mon plus grand soutien.


Si vous deviez citer une phrase célèbre qui vous ressemble, vous diriez...
« Chacun recèle en lui une forêt vierge, une étendue de neige où nul oiseau n’a laissé son empreinte. » de Virginia Woolf. J’ai le sentiment d’avoir au fond de moi un jardin secret dont je n’ai pas encore toutes les clefs. C’est ça qui fait la beauté du métier d’artiste, c’est qu’on en apprend tous les jours un peu plus sur soi au fil des créations.


Une couleur qui vous définit? vous refroidit? et une que vous avez toujours du mal à concocter sur votre palette?
J’aime le bleu, la couleur de la mer, une couleur profonde et calme dans laquelle je plonge. Pourtant c’est une couleur que j’utilise peu dans mes images. Je n’ai pas l’impression de choisir des couleurs qui me séduisent, ce sont plutôt les couleurs qui s’imposent d’elles mêmes selon le sujet, la scène et l’atmosphère. Néanmoins la couleur qui peut me tourmenter sur la palette est le marron, les couleurs de terre...


la-crapaude.jpgUne phrase entendue par un de vos lecteurs qui vous a touchée...ou fait rire?
Il me vient en tête non pas une phrase mais un geste. Lors de ma première séance de dédicace de mon livre Poucette, j’ai eu le plaisir de rencontrer une petite fille venue spécialement pour moi. Elle avait fait un dessin représentant ma Poucette dans sa coquille de noix qu’elle m’a offert. J’ai été émue d’avoir suscité à travers mes illustrations et mon univers l’envie de dessiner et de partager !


Avec quels médiums et outils Sophie fait-elle sa petite cuisine picturale?
Mes dernières illustrations sont à la gouache, pour Poucette c’était de l’acrylique, mais les nouvelles sur lesquelles je travaille sont à l’huile. Je n’arrive pas à m’arrêter à une technique en particulier, je suis encore en recherche...


Qu'est-ce qui vous attire particulièrement dans l'esthétisme et le romantisme du XIXème siècle?
Les artistes du XIXème siècle ont une sensibilité à fleur de peau. Leurs émotions sont exacerbées. Ils réussissent à rendre beau le chagrin, la souffrance, la mort. Ils trouvent refuge dans le rêve et ils m’y emmènent. J’ai ce côté nostalgique que j’essaye d’explorer dans mes images.


Avez-vous un auteur de chevet de ce siècle à nous citer? un peintre dont l'univers vous ravit?
Je viens de terminer de lire « Marina » de Carlos Ruiz Zafon. Au pied de mon lit j’ai quelques piles de livres dont trois romans de cet auteur que j’ai découvert avec « l’ombre du vent » un livre magnifique. Ses mots font naitre dans ma tête de très belles images. Joe Sorren est un artiste dont les peintures me ravissent, il se joue des formes et travaille lalessourcils.jpg lumière avec le talent d’un impressionniste. Son univers est terriblement poétique.


Il y a beaucoup de filles dans les histoires que vous avez illustrées...est-ce un hasard?
Pendant des années je me suis projetée sur le papier, mes tout premiers dessins d’enfant me représentaient déjà et j’aimais me transporter dans des décors, des aventures que j’imaginais... Cela a changé depuis que j’ai mis au monde ma fille. Je me suis mise à la dessiner sans cesse. Néanmoins je me force à dessiner de nouveaux visages féminins inspirés également de vraies personnes. Ma fille Félicie, qui incarne Sophie dans Les Malheurs de Sophie, reste cependant mon modèle préféré. Pourtant en voyant mon fils grandir, j’ai eu également envie d’essayer de dessiner des garçons, aussi je l’ai pris pour modèle dans mon dernier livre « la princesse des ménines » . Il a donc posé pour moi du haut de ses deux ans et incarne l’infant Philippe.


De nombreuses robes à jupons, de rubans...l'illustration donne -t-elle l'opportunité à la romantique que vous êtes d'imaginer les plus jolies parures que vous souhaiteriez porter? Un peu Sissi dans l'âme?
J’avoue, je rêverais porter de grandes robes à crinolines. C’est un rêve de petite fille.... Mais je n’assumerais pas de porter des robes extravagantes comme à la cour de Vienne. Une robe à crinoline un peu austère comme dans « Jane Eyre » ou « la leçon de Piano » me plairait énormément mais ce n’est plus vraiment la mode hélas. Les peindre dans mes livres comble en partie ce rêve.


Pourriez-vous nous parler de ce ravissant livre intitulé la princesse des Ménines? Diego Velasquez est un de vos peintres de référence?
J’ai eu la chance de visiter beaucoup de musées lorsque j’étais enfant et j’étais émerveillée devant ces toiles immenses. Les tableaux sont comme des fenêtres dans lesquelles on peut flâner et imaginer des aventures. Avec ce projet j’ai inventé une histoire à partir du tableau « les ménines » de Vélasquez. L’idée était de lier l’histoire de l’art à une fiction intemporelle: l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur. Je me suis directement inspirée de mes propres enfants : un soir en rentrant de l’école, Félicie faisait ses devoirs et Gustave mangeait un morceau de brioche, il y eut une dispute et l’idée m’est venue en les observant. En effet Diego Velasquez est un peintre que j’admire beaucoup. Il y a dans les visages qu’il dépeint un sentiment étrange, un mystère accentué par les teintes sombres de ses toiles et les regards pénétrants. J’aime aussi la liberté et la justesse de son pinceau.


9782021051032.jpgVous êtes l'auteur, aussi, d'une version illustrée ,pétillante et superbe, des Malheurs de Sophie? Est-ce un livre d'enfants dans lequel vous vous identifiez étant petite?
Enfant, le premier Malheurs de Sophie que j’ai lu était une version pastiche par Gotlib et Alexis qui appartenait à mon oncle. J’ai été interloquée. Aussi j’ai mis quelques années avant de découvrir la version originale. La Sophie de la comtesse de Ségur a une imagination débordante, elle est dégourdie, curieuse et elle sait apprendre de ses erreurs malgré un caractère bien trempée. Quand je l’ai lu je me suis retrouvée dans ce personnage, d’ailleurs on disait de moi enfant que j’avais un sale caractère.


Enfin quels projets en cours pour Sophie de la Villefromoit? Une parution chez Soleil si je ne me trompe?
Avec Sébastien Pérez nous travaillons sur un roman illustré où il tient la plume et moi le pinceau. C’est un projet enthousiasmant mais encore secret !


Pour retrouver le blog de Sophie de la Villefromoit!

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 09:43

tatoo.pngInterview d'Aurelio / Propos recueillis par Julie Cadilhac-Bscnews.fr/ On a rencontré Aurelio au Festival International de la BD d'Angoulême du côté des stands de l'édition indépendante. Rencontre épidermique: son trait espiègle et burtonien nous a séduits. On vous présente donc cet illustrateur passionné qui dessine aussi bien sur le papier que sur la peau...


Dessiner sur le corps des gens, c'est une vocation qui naît à l'adolescence lorsqu'on gribouille ses bras de graffitis et autres marques d'appartenance à un groupe? c'est l'expression d'une volonté freudienne de masquer la nudité….? ( je plaisante)…alors, expliquez-nous…
Dessiner (tout court) c’est une vocation. Après, pour ce qui est du tatouage, j’y pensais en effet beaucoup au lycée (je m’étais d’ailleurs déjà piqué une mimi-merde sous la cheville à l’aiguille à couture trempée dans l’encre de chine, le truc à pas faire quoi). Mais je n’ai jamais été trop à l’aise à la vue du sang d’autrui… Du genre à tourner vite de l’œil… Alors, je me suis dit qu’il valait mieux penser à autre chose… Et comme (à cette même période de lycée) mes caricatures de profs et mes BD faisaient déjà bien marrer mes potes pendant les cours… Je suis revenu au tattoo des années après, grâce à mon éditeur et ami des Presses Littéraires, Jérôme, qui m’a présenté son tatoueur, Belly, qui avait beaucoup aimé ma 1ère BD « Petits Contes Cruels Pour Grands Enfants Pas Sages » et qui m’a proposé de me former. Et depuis, grâce à lui, c’est un régal !
Quels sont les motifs les plus demandés? Les plus amusants que vous ayez eus à concevoir?
Le portrait de Johnny avec un corps de dauphin qui saute devant un coucher de soleil est très en vogue en ce moment (sourire)... Non, au salon où je travaille avec Belly, le Belly Button Tattoo Shop (à Perpignan), nous ne faisons pas vraiment des « motifs » mais plutôt des « compositions ». Nous travaillons généralement en deux temps. C'est-à-dire que les personnes viennent avec leurs idées pour une 1ere « séance de feutre » pendant laquelle nous traduisons leurs idées en dessinant directement sur leur corps, à l’endroit choisi, à l’aide de feutres. Ainsi, nous réalisons une première fois leur tatouage (mais un qui s’efface, comme un grand décalco ! Mambo !) Puis, lors de la seconde séance, nous redessinons au feutre suivant les photos (prises en fin de 1ere séance) et les modifications que les personnes souhaitent, puis, une fois que tout est ok nous commençons alors seulement le tatouage. Et voilà pourquoi chaque tatouage est un nouveau plaisir !

Et les zones choisies? (et là, c'est une douillette qui parle) la sensibilité d'une zoneorelio.png est-elle un critère de choix ou, bien au contraire, la douleur est un sacrifice que font bien volontiers les tatoués?
Quand on fait un tattoo, ça fait mal de toute façon ! Alors on conseille toujours de préférer l’esthétique du placement d’ensemble à la sensibilité d’une zone. Et chaque personne a ses propres zones sensibles… Pour le placement, on se soucie juste de ne pas faire de tatouages trop visibles quand la personne n’a pas encore de boulot ou travaille dans un poste où c’est mal vu. Ou bien des placements « à risque » (le tour de ventre pour une jeune femme qui rêve d’avoir une famille nombreuse par exemple, parce que la peau risque de trop bouger pour que le tatouage reste lisible).

Que trouve-t-on sur votre peau à vous? On suppose qu'il n'existe pas de tatoueur sans tatouage, si?
Sur moi, je n’ai que des tatouages de copains tatoueurs pour le moment : un « art » graffité me coule sur l’avant- bras et a été piqué par mon excellent maitre Jedi, Belly ; la « Calavera Oaxaqueña » de Posada sur le devant du bras encrée par la talentueuse Armelle ; un petit cafard me sort du poignet (va t’en mon petit cafard !), un dessin de moi piqué par Tôma Sickart qui m’a surtout fait à l’arrière du bras une version à sa pure sauce black&white d’un « men ruin » (mais comme je suis un grand gamin on est parti sur un « children ruin » à base de lance-pierre, bonbons et bonnet d’âne) ! Sinon, j’ai ma jambe gauche - de moi !(il fallait bien que je m’entraine un peu)- , une tête de mort mexicaine avec des ossements et un « D.IY. »


Quelle formation avez-vous suivie?
Maternelle ; primaire ; collège ; lycée ; concerts ; école d’arts graphiques (mention TB yeah !) ; concerts ; designer web (5 ans) ; concerts ; BD, illustrations, dessins animés en indé (5 ans aussi) ; et fresques en concerts avec le collectif Kronik ; et quelques concerts plus tard : formation de tatouage par Belly Button ! YEAH !

tatoo-orelio.pngQuel(s) genre(s) de bds lisez-vous? Avez-vous des mentors?
Je lis plutôt de la BD humoristique et  fantastique (j’adore l’humour noir, les zombies, les méchants loosers, les gentils loosers, les monstres, les personnages barrés). Quasiment jamais de trucs réalistes ou autobiographiques. Des BD plutôt « indé » (Les requins Marteaux, La Boite à Bulles, Six pieds Sous Terre, …). Beaucoup de fanzines et bd « alterno » (Kronik, Speedball, Kontagion, Ferraille, Onapratut, Le chat qui pue, plus ancien comme La Monstrueuse, …). Mais pas que. Pleins de choses différentes. Jamais de séries longues.
Des auteurs que j’aime vraiment beaucoup : Max Andersson, Gomé, Alberto Breccia , Foerster, Nicolas Witko, Marc-Antoine Mathieu, Bouzard, Thomas Ott, Winshluss, Blanquet, Burns, Brun, Carlos Vermut, Chabouté, Nicolas Presl, Nikopek, Griffon, David B,  Cha, Chester, JessX, Tanxxx, Didier Progéas, Mezzo, Sandoval , MO/cdm, Slo, Tôma Sickart (tatoueur aussi à « Fatalitas » Montreuil), Jürg (tatoueur aussi à « Tendre Furie » à Bruxelles).


Et si ce n'est pas la bd, qu'est-ce qui vous inspire?
Qui m’a inspiré : les crados (images) !!! Les boglins et Le Savant Fou (jouets) !!! La Quatrième Dimension !!!
Qui m’inspire : tout ou rien. Pleins de trucs mais rien de précis. Ca peut être un film au ciné, une affiche vue dans la rue, un flyer de concert, un cauchemar, une musique, une grosse araignée à mon plafond…

Il y a un petit côté Tim Burton dans certaines de vos illustrations…un goût pour le macabre élégant et délirant, je me trompe?
Sûr ! Me dire qu’après la mort ce n’est pas trop moche et surtout qu’on y rigole bien (et en parler de cette manière), ça m’évite d’en avoir peur… Enfin, je crois…

Histoires tordues et dessins bizarroïdes est un assemblage hétéroclite de petits contes et de poèmes illustrés mais aussi d'affiches de films imaginaires: d'où est né le concept de ce bouquin?
Heu… De dedans ma tête ?…


Règne un état d'esprit "déconnade", un côté " tout ce qui fait marrer les mecs et autres histoires de zombies", non?
Complètement !


J'aime beaucoup votre blablateur….
Ne lui dîtes pas, il risquerait de se faire des films…


On pourrait imaginer un livre entier qui illustrerait  de façon farfelue des proverbes…vous y ajouteriez votre coeur d'artichaut et vos corneilles: une idée à creuser?
Oui, j’y travaille déjà depuis un p’tit moment… Seriez-vous medium ?


Enfin, êtes-vous sur un autre projet d'édition en ce moment?
Oui, « Les Aventures trop mortelles de Cadav’Eric ». De courtes histoires d’un petit squelette à chapeau ska (et bourré d’humour noir) qui évolue dans le monde des vivants et qui les taquine beaucoup (mais ils lui rendent souvent très bien). Et puis j’ai d’autres idées (dont celle des proverbes)…

 

Le site d'Aurelio ICI

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